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Une récente étude approfondie met en lumière une réalité préoccupante : les comtés ruraux du Nouveau-Mexique souffrent d’une couverture médiatique squelettique. Ce rapport, accompagné d’une cartographie interactive, souligne l’urgence de soutenir les médias locaux pour garantir l’accès à l’information des populations, notamment les communautés amérindiennes et hispanophones.
Une radiographie des médias locaux au Nouveau-Mexique
Les résultats de cette enquête, commandée par le New Mexico Local News Fund (LNF), ne surprennent guère les observateurs du secteur, mais ils apportent des données cruciales. Rashaad Mahmood, directeur exécutif du LNF, explique que cette initiative répond à un intérêt philanthropique national croissant pour le soutien au journalisme de proximité. Pour orienter efficacement les financements, il était impératif de comprendre les besoins spécifiques au niveau local.
Alors que des études nationales ont tenté de mesurer l’état de la presse ces dernières années, cette démarche se distingue par sa granularité. Inspirée par un projet similaire mené dans le Colorado, l’objectif était clair : « Si nous voulons aider davantage de citoyens au Nouveau-Mexique à accéder à une information de qualité, nous devons savoir précisément où se situent les lacunes et où sont les forces », souligne Rashaad Mahmood.
La réalité des déserts d’information
L’étude, codirigée par les professeurs Gwyneth Doland (Université du Nouveau-Mexique) et Michael V. Marcotte, repose sur une analyse méticuleuse. Après avoir recensé et interrogé les organes de presse de l’État ainsi que plus de 1 100 résidents, le constat est sans appel : près de la moitié des médias sont concentrés dans les grands pôles urbains comme Albuquerque, Santa Fe ou Las Cruces.
Cette concentration laisse les petites communautés rurales démunies. Plus alarmant encore, quatre comtés de l’État ne disposent d’aucun média d’information. Ce phénomène de déserts d’information est aggravé par la fracture numérique qui limite les options accessibles aux résidents.
Disruption numérique et santé civique
Selon Michael V. Marcotte, les racines de cette crise remontent à la « disruption numérique » du début des années 2000, lorsque l’activité s’est déplacée des journaux papier vers Internet. Cette transition a précipité la fermeture de nombreuses rédactions à travers le pays.
« Ce processus de disparition des journaux inquiète vivement, car nous savons qu’une information locale de qualité est directement corrélée à la santé civique », explique Gwyneth Doland. C’est précisément ce lien vital qui pousse aujourd’hui les fondations philanthropiques à intervenir pour restaurer le tissu social.
Distinguer l’information du bruit
L’un des défis de l’étude a été de définir ce qui constitue véritablement un média d’information. Sur une liste initiale de 360 entités, seules 139 ont été retenues dans la base de données finale. Les chercheurs ont appliqué des critères stricts : la présence de journalistes professionnels, l’existence d’un code éthique et la production de reportages originaux, distinguant ainsi le véritable journalisme de ce que Marcotte qualifie de « bruit ».
Malgré ce tableau sombre, l’étude révèle des signes encourageants. De nouvelles initiatives émergent, portées par l’énergie et la créativité locale. C’est le cas du Cloud Croft Reader, une lettre d’information née d’un programme d’accélération, qui illustre le potentiel de renouveau du secteur.
Pistes de solutions et collaboration
Le rapport ne se contente pas de dresser un constat ; il propose des recommandations concrètes. Parmi elles figurent l’expansion du financement pour les médias ruraux et tribaux, l’amélioration de l’accès au haut débit et la diversification des sources de revenus.
La clé du succès réside sans doute dans la collaboration. Gwyneth Doland salue la synergie actuelle entre l’université, l’industrie, les organisations à but non lucratif et les fondations communautaires. « C’est l’un des grands atouts du Nouveau-Mexique », conclut-elle, encourageant les acteurs à bâtir sur cette dynamique pour revitaliser l’écosystème médiatique de l’État.