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Dans un tournant décisif pour l’industrie automobile américaine, l’administration Trump a officialisé une révision majeure des normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy). Cette décision, qui abaisse drastiquement les exigences de consommation de carburant fixées sous l’ère Biden, marque un coup d’arrêt à la transition forcée vers les véhicules électriques et redéfinit les règles du jeu pour les constructeurs face aux réalités du marché.
Un retour en arrière sur les standards de consommation
Instaurées en 1975 pour réduire la dépendance des États-Unis au pétrole étranger, les normes CAFE sont devenues, au fil des décennies, un levier politique majeur dans la lutte contre le changement climatique. Le président Trump a annoncé un « redémarrage » de ce programme, visant à le ramener à sa vocation initiale et à alléger la pression réglementaire sur l’industrie.
Concrètement, la nouvelle règle annule l’objectif jugé inatteignable par de nombreux acteurs du secteur : une consommation moyenne de 50,4 miles par gallon (environ 4,7 L/100 km) pour les voitures particulières et camions légers d’ici 2031. Le nouveau seuil est fixé à 34,5 miles par gallon (environ 6,8 L/100 km). Ce changement lève de facto le mandat fédéral qui rendait l’adoption massive des véhicules électriques (VE) indispensable pour respecter les seuils précédents.
Les concessionnaires et le marché face à l’électrique
Cette décision fait écho aux inquiétudes croissantes exprimées par les distributeurs automobiles. Près de 5 000 concessionnaires américains avaient adressé une lettre à l’administration Biden, qualifiant ses objectifs de « complètement irréalistes » et demandant un ralentissement de la cadence imposée, qui visait à ce que deux véhicules vendus sur trois soient électriques.
Sur le terrain, la réalité commerciale semble donner raison aux critiques. Les stocks de VE s’accumulent sur les parcs, faute d’une demande suffisante. Les consommateurs restent réticents face aux prix élevés, à l’autonomie limitée, au manque d’infrastructures de recharge et aux performances réduites dans les climats froids. Hors contraintes réglementaires, l’appétit du grand public pour l’électrique demeure faible.
Impact économique et coûts cachés
Le marché des véhicules électriques peine à maintenir sa dynamique sans soutien étatique. La part de marché des VE a difficilement atteint les deux chiffres cette année, avant de s’effondrer d’environ 30 % en octobre, suite à la suppression des crédits d’impôt de 7 500 dollars (environ 7 100 euros) fin septembre.
Les coûts induits par ces mandats pèsent lourdement sur l’économie. Des recherches indiquent que sur une période de dix ans, chaque VE de 2023 pourrait coûter à la société entre 89 000 et 144 000 euros en subventions cachées. Par ailleurs, pour compenser les pertes liées au développement de l’électrique ou l’achat de crédits carbone, les constructeurs augmentent les prix des modèles thermiques. Ford, par exemple, a dû ajuster les tarifs de ses camions F150 pour absorber près de 2,8 milliards d’euros de pertes sur sa gamme électrique.
Les constructeurs automobiles saluent la stabilité
Face à ce revirement, les géants de l’automobile ont réagi favorablement, y voyant un alignement nécessaire avec les standards automobiles mondiaux et la demande réelle. Le PDG de Ford a qualifié ces nouvelles normes de « victoire pour les clients et le bon sens », estimant qu’elles offrent plus de choix et d’accessibilité.
De son côté, Stellantis a souligné que cette initiative était en phase avec les « conditions réelles du marché », tandis que General Motors a affirmé que cela garantirait une stabilité à long terme pour l’industrie. En redonnant la priorité au choix du consommateur plutôt qu’aux directives fédérales, ce redémarrage des normes CAFE entend laisser le marché dicter l’évolution technologique, qu’il s’agisse d’efficience énergétique ou de motorisation.