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Mortalité infantile en France : une inquiétante hausse de 4,1 décès

by Sara
Mortalité infantile en France : une inquiétante hausse de 4,1 décès
France

Avec un taux en hausse à 4,1 décès pour mille naissances, la France évolue à l’inverse des autres pays européens. Plusieurs explications sont avancées, celle de la fermeture des maternités n’étant pas la plus convaincante.

Une augmentation préoccupante

C’est un point noir de la santé publique française : depuis 2012, la mortalité infantile (décès avant un an) ne baisse plus. Elle augmente même de manière continue depuis 2020, pour atteindre 4,1 pour mille naissances, contre 3,6 en 2012.

« Il s’agit d’une véritable singularité en Europe », constate Géraldine Duthé, directrice de recherche à l’Ined. Parmi les meilleurs élèves dans les années 1990, la France a chuté à la 23e place sur 27 pays européens. Depuis 2015, la mortalité infantile y est supérieure à la moyenne européenne. Cette mortalité survient pour moitié entre le 1er et 27e jour des bébés, pour un quart le jour de la naissance.

Les maternités en question

Comment expliquer cette inquiétante régression ? Un des facteurs souvent invoqués est la fermeture des maternités, trois fois moins nombreuses aujourd’hui qu’en 1975. Beaucoup de petites structures ont été fermées au nom de la sécurité : le manque d’expérience du personnel, faute d’une activité suffisante, et les difficultés de recrutement ne permettraient pas une prise en charge optimale des accouchements.

De manière symétrique, les journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin décrivent, dans leur livre d’enquête 4,1. Le scandale des accouchements en France (Buchet Chastel, 2025), les grosses maternités comme des « usines à bébés », où les sages-femmes sont surchargées. Une récente proposition de loi pour lutter contre la mortalité infantile, adoptée par l’Assemblée nationale le 15 mai dernier et transmise au Sénat, propose un moratoire de trois ans sur ces fermetures.

La distance n’est pas en cause

Toutefois, malgré son caractère d’évidence, l’impact du volume d’activité et du type de maternité sur la mortalité est difficile à évaluer. « Statistiquement, on est un peu désarmé, les décès restant relativement rares », souligne Géraldine Duthé. En revanche, les études démentent l’idée que la fermeture des maternités augmenterait la mortalité pour les nouveau-nés en allongeant le trajet des femmes sur le point d’accoucher.

Il apparaît d’abord que les grosses maternités, mieux équipées, sont plus à même de prendre en charge les problèmes néonataux. Ensuite, si la distance peut augmenter les risques pour des accouchements inopinés avant d’atteindre l’hôpital, ces cas sont rares. « Cela représente moins de 0,5 % des naissances », note Hugo Pilkington, géographe de la santé.

« La distance cache le véritable facteur de risque, qui est la précarité sociale », explique Hugo Pilkington.

Des mères plus précaires ?

En revanche, une plus grande précarité des mères pourrait bien avoir joué dans la tendance actuelle. Reliée à des conditions de travail et de vie plus défavorables, cette précarité est un facteur de risque pour la mortalité infantile. Le taux de cette dernière est plus élevé pour les ouvrières, les employés et encore plus pour les femmes inactives que pour les cadres.

L’Insee note aussi que la hausse de la part des mères nées à l’étranger a affecté le taux de mortalité infantile de 0,1 point. Cependant, on manque de données fiables sur l’évolution des catégories sociales des mères pour valider cette hypothèse.

Prématurité et soins critiques néonataux

La pédiatre rappelle que la prématurité est la première cause de mortalité infantile, devant les malformations congénitales et les complications de l’accouchement. Les bébés concernés sont soignés dans les services de soins critiques néonataux, dont l’organisation n’a pas été revue depuis 1998 alors qu’ils prennent en charge des enfants de plus en plus immatures et fragiles.

Or ces services sont saturés : les lits et les ressources humaines manquent. « Cela crée un cercle vicieux : le personnel ne reste pas alors qu’il faut deux ans pour atteindre la pleine compétence pour y exercer », pointe Elsa Kermorvant.

La SFN a par ailleurs obtenu satisfaction, en avril, sur une revendication de longue date : la création d’un registre permettant de recueillir et relier des données sur les naissances afin de mieux comprendre les causes de la mortalité infantile.

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