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Aliénation, identité et asile dans le roman irakien Khuzama

by Sara

Le roman irakien « Khuzama », écrit par l’auteur irakien Sinan Anton et publié par Al-Jamal en 2023, aborde la question de l’identité humaine et des conflits internes et sociaux qui l’entourent, ainsi que le lien entre soi, l’endroit et les racines ou la capacité à s’en détacher.

L’histoire se concentre sur deux personnages irakiens qui suivent des chemins divergents. Sami tente de retrouver sa mémoire avec les objets et de préserver les souvenirs liés à son lieu d’origine et ses racines après s’être retrouvé immigré en Amérique, fuyant la guerre et confronté à une forme de démence qui efface de sa mémoire sa vie passée, ses expériences et ses souvenirs. En revanche, Omar émigre en Amérique pour échapper à son identité et aux souvenirs douloureux, ayant subi l’injustice du régime de l’ancien président irakien Saddam Hussein, notamment en perdant une partie de son oreille en essayant de fuir le service militaire.

Bien que les deux personnages se séparent tout au long du récit, la fin réserve une surprise dramatique qui les réunit.

Dans ce roman de 256 pages, Anton explore la structure de la société irakienne et de l’individu irakien immigré en examinant les événements durant l’ère de Saddam Hussein, ainsi que pendant l’occupation américaine de l’Irak et les contradictions relatives à l’identité humaine et à la relation de l’homme avec la terre. « Khuzama » est la cinquième œuvre de l’auteur.

S’exprimant à Al Jazeera, Sinan Anton déclare que la fuite d’un endroit à un autre, d’un pays à un autre, est souvent une échappatoire à une réalité difficile, douloureuse voire dangereuse pour trouver un « refuge », littéralement et métaphoriquement, qui est censé offrir plus de sécurité et d’espace, soulignant que la migration est aujourd’hui un acte périlleux, de nombreuses personnes périssant quotidiennement en tentant de fuir les guerres, les tyrans et la pauvreté.

Il poursuit en affirmant que l’écriture est un voyage, mais un voyage imaginaire et facultatif vers des lieux, des personnes et des époques. Cependant, il admet que la notion de fuite existe également dans l’écriture, mais sous une forme différente. Il soulève la question que dans un monde où les gens meurent en essayant de migrer, l’écriture est-elle vraiment un acte de fugue?

S’agissant des questions de l’identité abordées dans « Khuzama », Sinan Anton affirme qu’il n’existe pas une seule identité humaine et qu’il n’y a jamais eu une identité humaine unique. Il évoque les idéologies et les discours qui se concentrent autour d’une seule identité humaine, soulignant que cette vision identitaire était exclusiviste, basée sur un point de vue européen, raciste et discriminatoire, qui a produit des connotations négatives pour ceux qui étaient exclus.

Le style narratif de « Khuzama » se focalise sur l’intensité des images pour créer un impact émotionnel avec le lecteur, cherchant à remplacer les lieux délabrés par des mots.

Les éléments centraux de « Khuzama » se concentrent sur les questions cruciales concernant la patrie, l’oubli, la mémoire, l’appartenance, la mort et la dilution. L’approche narrative vise à directement aborder ces questions sans chercher à détourner ou à déguiser les sentiments intérieurs.

La technique utilisée dans « Khuzama » se rapproche davantage du contenu que de la forme. Il ne vise pas à dérouter le lecteur en trompant avec des ruses internes des personnages. La principale méthode est de poser des questions fondamentales sur la patrie, l’oubli, la mémoire, l’appartenance, la mort et la dilution.

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