Retard des élections présidentielles sénégalaises provoque des manifestations
La police sénégalaise a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les manifestations qui ont éclaté à Dakar hier, dimanche. Ces manifestations ont été déclenchées par la décision du président Macky Sall samedi dernier de reporter les élections présidentielles.
L’opposition au Sénégal a vivement critiqué la décision de Sall, qu’il a justifiée en citant « des divergences entre l’Assemblée nationale (le Parlement) et le Conseil constitutionnel ». Elle a appelé à manifester à Dakar hier, un appel auquel des centaines de citoyens ont répondu.
Le front de l’opposition, composé de plusieurs candidats, a demandé de poursuivre les campagnes électorales et de ne pas reporter les élections présidentielles qui étaient prévues pour le 25 février.
Les mouvements de l’opposition ont coïncidé avec une session au Parlement consacrée à la discussion d’une proposition de loi présentée par la coalition au pouvoir, qui autorise une prolongation du mandat du président d’une année complète, une proposition rejetée par l’opposition.
La proposition de loi prévoyait la tenue des élections le 25 août et le maintien de Sall à la présidence jusqu’à l’investiture de son successeur.
Plusieurs candidats de l’opposition ont annoncé hier qu’ils ignoreraient la décision du président et continueraient leur campagne électorale.
Le Sénégal n’avait jamais reporté d’élections présidentielles auparavant, et l’incertitude actuelle risque de provoquer davantage de troubles, semblables aux violentes manifestations des années précédentes.
Les forces de sécurité ont dû disperser les manifestations qui ont éclaté dimanche en lançant des gaz lacrymogènes dans plusieurs zones de la capitale, et plusieurs personnalités de l’opposition, dont l’ancienne Première ministre Aminata Touré, ainsi que d’autres candidats aux élections présidentielles, ont été arrêtées.
Des hommes et des femmes de tous âges ont bloqué la circulation à plusieurs endroits de la capitale hier après-midi, enflammant des pneus, à l’appel de plusieurs candidats.
Dans une zone, environ 200 manifestants se sont retirés dans des rues adjacentes après que la police anti-émeute ait lancé des gaz lacrymogènes sur eux, et a commencé à les arrêter.
Certaines manifestations à Dakar ont également vu des manifestants brûler des drapeaux français.
La gendarmerie sénégalaise arrête des manifestants suite à l’annonce du président Sall de reporter les élections présidentielles (Anadolu)
Inquiétudes Internationales
La décision du président sénégalais de reporter les élections présidentielles a également suscité des inquiétudes à l’étranger. L’Union européenne a affirmé dimanche que le report des élections entraînerait une « période d’incertitude » dans le pays, appelant à la tenue des élections « dès que possible ».
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a également exprimé ses préoccupations concernant les circonstances qui ont conduit au report des élections, et a appelé à fixer une nouvelle date pour les élections présidentielles dans les plus brefs délais.
Le ministère français des Affaires étrangères a exhorté hier les autorités à « lever l’incertitude qui entoure le calendrier des élections afin de les tenir dans les plus brefs délais et conformément aux règles démocratiques sénégalaises ».