Le gouvernement irakien a pris la décision de restreindre les activités de huit banques commerciales locales en matière de traitement du dollar américain, ce faisant dans le cadre des mesures visant à limiter les opérations de fraude, le blanchiment d’argent et d’autres utilisations illicites de cette devise américaine. Cette décision intervient quelques jours après la visite d’un haut responsable du Département du Trésor américain dans la capitale irakienne de Bagdad.
Conformément à cette décision, les banques concernées ne pourront plus participer aux enchères quotidiennes du dollar organisées par la Banque centrale irakienne, ces enchères étant la principale source de devises étrangères dans un pays dépendant fortement des importations.
L’Irak est devenu un point focal dans la campagne américaine visant à limiter la contrebande de dollars vers l’Iran. Avec des réserves de plus de 100 milliards de dollars aux États-Unis, l’Irak dépend largement de la bonne volonté de Washington pour garantir l’accès à ses revenus pétroliers et à ses ressources financières.
La Banque centrale irakienne a publié une liste comprenant les noms des banques interdites, parmi lesquelles figurent la Banque internationale Ashur pour l’investissement, la Banque irakienne d’investissement, la Banque de l’Union irakienne, la Banque islamique internationale Kurdistane pour l’investissement et le développement, la Banque Al-Huda, la Banque islamique du Sud pour l’investissement et le financement, la Banque islamique arabe, et la Banque commerciale Hammurabi.
Un porte-parole du Département du Trésor américain a salué les mesures prises par la Banque centrale irakienne pour protéger le système financier irakien contre les abus.
Cette décision fait suite à une précédente interdiction de 14 banques d’effectuer des transactions en dollars en juillet dernier. Celle-ci s’inscrivait dans le cadre d’une campagne plus large visant à empêcher le détournement de dollars vers l’Iran via le système bancaire irakien, sur demande des autorités américaines.
La Banque centrale irakienne déclare que les banques interdites de traiter en dollars seront autorisées à poursuivre leurs activités et à effectuer des transactions dans d’autres devises.
La semaine dernière, Brian Nelson, secrétaire adjoint du Département du Trésor américain pour la lutte contre le terrorisme et le renseignement financier, a rencontré de hauts responsables irakiens à Bagdad pour discuter des moyens de protéger les systèmes financiers irakien et international contre les organisations criminelles, corrompues et terroristes.
Le Département du Trésor a annoncé des mesures à l’encontre de la Banque Al-Huda lors de cette visite, affirmant qu’elle avait facilité le transfert de milliards de dollars à des groupes soutenus par l’Iran.
Selon Reuters, un haut responsable du Département du Trésor a déclaré que Washington s’attend à ce que l’Irak redouble d’efforts pour aider à contrer les groupes armés soutenus par l’Iran qui opèrent à partir de l’Irak, suite au meurtre de trois soldats américains la semaine dernière. Washington a attribué la responsabilité de cette attaque à des factions irakiennes extrémistes.
Le gouvernement irakien actuel, soutenu par des partis puissants soutenus par Téhéran et des factions armées ayant des intérêts importants dans l’économie informelle irakienne, a été accusé de longue date d’être un centre de blanchiment d’argent.
Des responsables occidentaux ont salué la collaboration avec le Premier ministre irakien Mohammed Shiaa Al-Sudani pour mettre en œuvre des réformes économiques et financières visant à limiter la capacité de l’Iran et de ses alliés à accéder au dollar et à aligner l’économie irakienne sur les normes internationales.