# Le financement politique hantant les ONG de Jérusalem
<section><h2>Pressions sur les ONG palestiniennes de Jérusalem</h2>
<p>Les institutions de la société civile palestinienne opérant à Jérusalem souffrent non seulement des restrictions israéliennes visant à entraver leurs activités et projets, et des mesures arbitraires visant à les fermer, mais elles sont également confrontées à des « financements conditionnels » imposés par les donateurs étrangers.</p></section>
<section><h2>Un dilemme délicat</h2>
<p>Ces institutions, qui dépendent principalement des bailleurs de fonds, se retrouvent face à un dilemme : accepter des conditions inscrites dans les accords avec les donateurs, ce qui implique de renoncer à des principes nationaux fondamentaux, ou refuser ces accords et perdre les fonds, ce qui affecterait gravement leur fonctionnement.</p>
<p>Un exemple frappant est celui du Centre pour l’Action Communautaire, une organisation juridique basée à Jérusalem et dépendant largement de financements étrangers. Son directeur, Munir Nusseibeh, explique que le plus grand défi auquel font face les ONG palestiniennes est le « financement conditionnel politiquement », où les bailleurs de fonds incluent une clause stipulant que les organisations et partis politiques palestiniens sont considérés comme « terroristes ». Les ONG doivent signer cette clause pour obtenir les financements.</p></section>
<section><h2>La résistance aux conditions</h2>
<p>Refusant de signer un tel accord, le Centre pour l’Action Communautaire rencontre des difficultés à accéder aux financements. Certains donateurs exigent également que le Centre ne représente pas légalement les familles des martyrs palestiniens, prétextant qu’ils sont liés, selon les classifications israéliennes, à des « terroristes ». Ce genre de condition est incompatible avec les valeurs des droits de l’homme, selon Nusseibeh.</p>
<p>Malgré ces défis, Nusseibeh affirme que la société civile palestinienne reste forte et refuse généralement les financements conditionnels politiquement, bien qu’elle soit constamment sous surveillance par diverses autorités israéliennes, notamment l’Observatoire des ONG.</p></section>
<section><h2>Observatoire des ONG</h2>
<p>En consultant le site de cet observatoire, on découvre qu’il répertorie 58 institutions de la société civile palestinienne, les qualifiant d’« organisations terroristes » ou les reliant à des « personnalités terroristes palestiniennes ». Chaque organisation a une page détaillant ses sources de financement, ses activités, et ses relations présumées avec des factions ou individus palestiniens spécifiques.</p>
<p>Nusseibeh précise que cet observatoire accuse de nombreuses ONG de soutenir le terrorisme simplement parce qu’elles œuvrent pour la cause palestinienne, en alertant les donateurs sur les actions de ces organisations. Ce phénomène complique davantage l’obtention de fonds.</p></section>
<section><h2>Les enjeux du financement conditionnel</h2>
<p>Selon une ancienne directrice d’une institution culturelle à Jérusalem, les États-Unis imposent des conditions politiques via leurs canaux de financement depuis des années. L’Union Européenne a suivi en 2019 en ajoutant une clause obligeant les bénéficiaires à se conformer à une liste de « mesures antiterroristes ». Cela inclut l’interdiction de coopération avec des partis ou des personnes listées sur cette liste.</p>
<p>Face à ces exigences, certaines institutions ferment leurs portes, d’autres élaborent des plans alternatifs tels que la réduction des coûts et le recours à d’autres sources de financement sans conditions, comme les fonds arabes. Ces derniers, cependant, se concentrent principalement sur des secteurs spécifiques tels que la restauration ou les activités culturelles, forçant les institutions à générer des revenus par d’autres moyens, comme la location de leurs espaces ou la vente de billets pour leurs événements.</p>
<p>La guerre récente à Gaza a exacerbé la crise financière des institutions culturelles qui ont dû arrêter leurs activités. Certains donateurs ont même ajouté de nouvelles conditions, comme la condamnation de l’attaque du 7 octobre par le Hamas, pour continuer à recevoir des financements.</p></section>
<section><h2>Les défis à venir</h2>
<p>Les institutions de la société civile palestinienne s’attendent à ce que les listes de « terrorisme » américaines et européennes s’allongent avec de nouveaux noms suite à la guerre, augmentant encore les difficultés de financement.</p>
<p>Amir Khalil, directeur du Théâtre National Palestinien, partage que les conditions de financement sont souvent difficiles et humiliantes, avec des clauses politiques compliquant les négociations. Bien que la plupart des institutions tentent de contourner ces exigences pour obtenir des fonds, Khalil pense que le financement est la pire chose qui soit arrivée aux institutions, les rendant dépendantes et limitant leur activité.</p>
<p>Khalil conclut qu’il est crucial pour les ONG de trouver des solutions internes et de boycotter tous les financements conditionnels afin de préserver leur indépendance, malgré les défis à court terme.</p></section>