# La tournée africaine du ministre russe : quel avenir pour Moscou ?
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<h2>Introduction</h2>
<p>**N’Djaména** – Le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a entamé une tournée africaine comprenant quatre étapes : Guinée, République du Congo, Burkina Faso et, enfin, Tchad. Cette visite coïncide avec une tournée similaire menée par Younous-Bek, vice-ministre de la Défense russe, au Niger et au Mali.</p>
<p>Cette initiative russe soulève des questions sur le rôle de Moscou dans ces anciennes colonies françaises et sur ses ambitions économiques, sécuritaires et politiques dans la région.</p>
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<p><em>Le ministre russe (à gauche) accueillant ses interlocuteurs à N’Djaména (Al Jazeera)</em></p>
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<h2>Objectifs diversifiés</h2>
<p>Selon Ahmed Yaakoub, président de l’organisation « Libertés sans frontières », la visite de Lavrov en Afrique a plusieurs objectifs différents selon les pays visités. Au Burkina Faso, où le régime actuel est issu d’un coup d’État militaire, l’objectif principal est de bénéficier du soutien de la Russie pour combattre les insurgés armés.</p>
<p>Ainsi, la présence de Lavrov à Ouagadougou s’inscrit dans une logique d’amitié avec un pays qui déjà reçoit des conseillers militaires russes et des armes, et qui a convenu de la construction d’une centrale nucléaire à usage civil.</p>
<p>En République du Congo, qui préside le comité de l’Union africaine sur la Libye, Yaakoub note que Lavrov envoie un message clair que la Russie soutient les initiatives de l’Union africaine concernant la Libye, tout en consolidant sa présence politique et militaire.</p>
<p>La visite de Lavrov à N’Djaména s’inscrit dans un contexte de rapprochement entre le Tchad et la Russie, après des tensions avec Washington suite aux élections présidentielles remportées par Mahamat Idriss Déby en mai dernier.</p>
<p>La visite soulève également des questions sur la position du Tchad concernant la présence de la légion africaine, anciennement connue sous le nom de Wagner, et si elle suivra l’exemple du Niger, du Mali et du Burkina Faso.</p>
<p>Yaakoub souligne que N’Djaména n’a pas encore pris de décision à ce sujet, notant l’absence de stratégie claire du Tchad, au contraire de ses voisins.</p>
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<h2>Rivalité franco-russe</h2>
<p>Les quatre pays africains visités par Lavrov sont des anciennes colonies françaises, et la France reste un acteur incontournable. Au Tchad, par exemple, le pays abrite toujours des bases militaires françaises importantes.</p>
<p>À ce propos, le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderrahmane Goulan Allah, a affirmé que les relations avec la France resteront inchangées malgré le rapprochement avec la Russie. Le Tchad, selon lui, ne suit aucune puissance de manière exclusive.</p>
<p>Lavrov, de son côté, a rapporté avoir entendu des responsables français déclarer clairement que ces pays sont des « zones d’influence françaises », mais il a assuré que la Russie ne cherchera pas à perturber ces relations, laissant aux pays africains le choix de leurs alliés.</p>

<p><em>Le ministre des Affaires étrangères tchadien, Abderrahmane Goulan Allah (à droite), affirme que les relations de son pays avec la Russie n’ont pas été affectées (Al Jazeera)</em></p>
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<h2>Aspirations africaines</h2>
<p>Lors de son entretien avec Al Jazeera Net, le sociologue tchadien, Dr. Mohammed Saleh Ayoub, a décrit la visite de Lavrov comme un événement positif, espérant qu’elle renforcera la coopération entre la Russie et l’Afrique.</p>
<p>Ayoub évoque les nombreuses ressources naturelles de la région, souvent inexploitées, et voit en la présence russe une opportunité. Il souligne aussi l’importance de la collaboration dans le domaine de l’éducation, citant les nombreux Tchadiens formés en Russie qui occupent désormais des postes clés.</p>
<p>La coopération dans le domaine de la sécurité est déjà en cours, avec la Russie ayant aidé le Tchad à récupérer des soldats retenus en otage par des groupes armés, là où les États-Unis ou la France n’ont pas aidé.</p>
<p>Cependant, Ayoub met en garde contre les risques d’implication dans des conflits internationaux, les pays africains étant vulnérables. Il recommande une coopération prudente, axée sur la formation, la sécurité, et l’exploitation des ressources sans perdre de vue les droits de l’homme et la démocratie.</p>
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