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Anciens combattants afghans formés par les USA recrutés par la Russie en Ukraine
Selon le magazine « Lobes », l’armée russe recrute secrètement des forces spéciales composées d’anciens combattants formés par les États-Unis et l’OTAN pour combattre sur le front ukrainien, dans le cadre d’une opération menée par le groupe semi-militaire russe Wagner en collusion avec l’Iran.
Le journaliste Margaux Senior précise que l’armée russe, ayant subi de lourdes pertes humaines d’environ 355 000 soldats tués ou blessés, recrute activement pour renforcer ses rangs, notamment en s’engageant dans un processus de recrutement secret en Afghanistan depuis un peu plus d’un an.
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Pendant plusieurs mois, le magazine affirme avoir suivi de près cette opération, malgré la quasi-imperméabilité du système mis en place par les forces semi-militaires russes de Wagner.
Grâce à des sources de haut niveau, Lobes indique avoir réussi à infiltrer les mécanismes permettant à la Russie de recruter des soldats afghans d’élite, parmi lesquelles l’ancien ministre de l’Intérieur afghan Heybatullah Alizai, dernier commandant de l’armée afghane avant le retour des Talibans au pouvoir en 2021.
L’apprentissage des tactiques occidentales
Lobes s’appuie sur l’histoire d’un ancien officier afghan surnommé « Saadik » qui a participé à une mission militaire dans les montagnes afghanes aux côtés des Américains en 2004. En 2021, il a fui avec sa femme et son fils en Iran et se rendra désormais à Moscou pour rejoindre le front ukrainien.
Bien que « Saadik » soit conscient qu’il est peu probable de revenir vivant de cette mission, il est prêt à partir, attendant seulement le feu vert de l’ambassade russe à Téhéran. Il a préparé ses affaires, y compris des vêtements, des photos familiales, et compte sur les compétences apprises de l’Occident, déclarant : « Les Occidentaux m’ont appris leurs techniques de coordination militaire ».
La Russie cible les anciens soldats afghans, formés par les États-Unis et l’OTAN entre 2001 et 2021, après avoir investi plus de 90 milliards de dollars sur 20 ans d’occupation pour former une armée indépendante et des forces d’élite.
Collaboration irano-russe
Saadik relate comment deux membres des Gardiens de la révolution iraniens l’ont capturé, l’ont emmené de force en voiture dans un bâtiment inconnu, et l’ont averti de se rendre à l’ambassade russe de Téhéran pour être transféré à Moscou, sinon lui et sa famille seraient expulsés à Kaboul.
Comme Saadik, des millions d’Afghans se sont réfugiés en Iran après la chute de Kaboul, dont un grand nombre d’anciens soldats, certains snipers ou soldats spécialisés, exerçant désormais des emplois extrêmement précaires insuffisants pour subvenir aux besoins de leur famille.
Saadik travaille pour une société de fertilisant dans une ville iranienne, tandis que Hajji, un ancien soldat afghan de 57 ans ayant passé 34 ans dans l’armée, vend des mouchoirs sur le bord de la route et lave la vaisselle dans un fast-food, d’après le magazine.
Enjeux et promesses
Écouter les destins de ces hommes permet de comprendre les séductions du front ukrainien. Moscou offre aux recrues afghanes un salaire variant entre 2000 et 5000 dollars, en plus de la citoyenneté russe, suite à un décret signé par le président russe Vladimir Poutine accordant la nationalité aux étrangers embauchés en Russie.
Heybatullah Alizai, dernier commandant de l’armée afghane avant le retour des Talibans, souligne que « des promesses de compensation sont incluses dans le contrat de recrutement », allant de 30 000 dollars pour les blessures à 60 000 dollars pour les survivants ou les familles des soldats tués au combat.
Des anciens généraux d’élite de l’armée afghane formés par les États-Unis coopèrent avec Moscou pour mener des opérations de recrutement sous de faux noms, agissant en tant qu’intermédiaires entre les recrues et les responsables du recrutement. Chaque général est en charge d’un groupe de plusieurs centaines de soldats.
Ces soldats offrent leur identité, leurs compétences techniques et linguistiques, ainsi que leurs motivations, et s’engagent pour une durée minimale d’un an. Après l’approbation de Wagner, les soldats sont envoyés en Russie via quatre zones de transit en Iran.
Heybatullah Alizai souligne que « l’Iran et la Russie coordonnent parfaitement ce processus de recrutement », et que des centaines d’hommes ont été soumis à des pressions du ministère iranien des Affaires étrangères, sous la menace d’expulsion.
Un ancien soldat afghan ayant fui en Iran déclare : « Si je suis renvoyé en Afghanistan, les Talibans me retrouveront. Je préfère mourir sur le front ukrainien que subir la torture et être tué par les hommes que j’ai combattus pendant plus de 14 ans ».