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Comment sauver le monde du danger nucléaire
La première bombe nucléaire a frappé la ville japonaise d’Hiroshima le 6 août 1945, surnommée « Little Boy ». Elle a explosé à environ 600 mètres au-dessus du sol, libérant une force explosive équivalente à environ 15 000 tonnes de trinitrotoluène (TNT). Pour saisir l’ampleur de cette destruction, il suffit de savoir qu’une seule grenade contient plusieurs dizaines de grammes de matière explosive, voire plus de 100 grammes.
Alors que le gouvernement japonais tentait de faire face à cette catastrophe, une seconde bombe, nommée « Fat Man », fut larguée par un bombardier américain B-29 le 9 août. Cette bombe était à l’origine destinée à la ville de Kokura, mais la mission fut redirigée vers Nagasaki pour des raisons météorologiques.
« Fat Man » a explosé à une hauteur d’environ 500 mètres au-dessus de Nagasaki, avec une puissance d’environ 21 kilotonnes de TNT. Au cours des quatre mois suivants, les effets des bombardements atomiques ont causé la mort de 90 000 à 146 000 personnes à Hiroshima et de 60 000 à 80 000 à Nagasaki, dont près de la moitié le jour même de l’explosion.
L’objectif des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki était d’accélérer la fin de la Seconde Guerre mondiale en forçant le Japon à se rendre sans condition. Le 15 août 1945, les États-Unis ont obtenu ce qu’ils souhaitaient : le Japon a annoncé sa capitulation, mettant fin à la guerre. Cependant, une nouvelle guerre a commencé, celle de l’URSS qui a intensifié son programme nucléaire, réussissant le premier démarrage d’une réaction nucléaire en chaîne dans un réacteur à graphite en 1946.
La création de l’Agence internationale de l’énergie atomique
À ce moment, le monde n’était plus le même : avec le début de la guerre froide, l’Union soviétique et les États-Unis ont commencé à développer leurs arsenaux nucléaires. C’est dans ce contexte qu’il fut nécessaire de créer l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), fondée en 1957 pour répondre aux préoccupations suscitées par les diverses utilisations de la technologie nucléaire.
Tout a débuté avec le discours « L’atome pour la paix » que le président américain Dwight Eisenhower a prononcé devant l’Assemblée générale de l’ONU le 8 décembre 1953. La ratification par le président Eisenhower du statut de l’agence le 29 juillet 1957 a marqué sa naissance officielle.
Trois grandes missions
L’agence a été bâtie sur trois tâches fondamentales. La première concerne les usages pacifiques de l’énergie nucléaire. Selon l’article 2 de son statut, les objectifs de l’AIEA sont « d’accélérer et d’élargir la contribution de l’énergie atomique à la paix, à la santé et à la prospérité dans le monde » et « de garantir que l’aide qui lui est fournie ou demandée ne soit pas utilisée de manière à promouvoir tout objectif militaire ».
- Trois des six départements de l’AIEA sont chargés de promouvoir les usages pacifiques de l’énergie atomique, en fournissant conseils et services aux États membres.
- La deuxième mission de l’agence est la garantie, pour assurer que l’assistance fournie ne soit pas détournée vers des objectifs militaires.
- Enfin, l’accent est mis sur la sécurité nucléaire, avec 8,9 % du budget consacrés aux mesures de prévention des accidents.
De la double mission à Fukushima
L’AIEA opère sous un mandat double, encourageant le développement de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques tout en prévenant la prolifération des armements nucléaires. Les critiques soutiennent que ces deux objectifs sont intrinsèquement contradictoires, car faciliter l’accès à la technologie nucléaire augmente les risques de développement d’armes.
Les accusations d’inertie de l’AIEA ont été particulièrement virulentes après l’accident de la centrale de Fukushima en 2011. Un rapport dans « Nature » a signalé une réponse jugée lente et confuse, alors que les responsables de l’agence n’avaient pas organisé de conférence de presse avant plusieurs jours.
Un monde en mutation
Après la guerre froide, les dépenses militaires liées aux armes nucléaires ont stagné, mais en 2023, elles ont explosé, conduites par les États-Unis qui ont dépensé plus que toutes les autres puissances nucléaires réunies. Les neuf États dotés d’armes nucléaires ont ainsi investi 91,4 milliards de dollars dans leurs arsenaux.
Les tensions géopolitiques actuelles exacerbent cette situation. L’agression de la Russie en Ukraine et les préoccupations de la Chine vis-à-vis de Taïwan ont ravivé les programmes d’armement. Ainsi, le monde fait face à plus de 12 000 ogives nucléaires, dont certaines sont des milliers de fois plus puissantes que celles lâchées sur Hiroshima et Nagasaki.
Un risque global
Les experts avertissent que le problème nucléaire dépasse les simples rivalités entre nations, touchant l’ensemble de l’humanité. Des études montrent qu’un petit conflit nucléaire régional pourrait engendrer des conséquences climatiques catastrophiques. Une étude suggère que 100 têtes nucléaires pourraient nuire au climat pendant plus de dix ans.
Le risque d’une guerre nucléaire modeste, même minime, demeure terrifiant et rappelle les souffrances endurées par les victimes d’Hiroshima et de Nagasaki. L’AIEA doit sans cesse chercher des solutions, mais face à des budgets militaires colossaux, il semble que cela ne suffise pas pour garantir la sécurité mondiale.