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Après NASA, la Chine pourrait-elle devenir le géant spatial ?
Le 29 juillet 1958, le président américain Dwight Eisenhower a signé la loi créant la NASA (Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace), qui a commencé ses activités le 1er octobre de cette année-là, entamant un voyage impressionnant non seulement vers la Lune, mais aussi dans l’exploration de l’univers vaste, à travers des télescopes comme Hubble ou James Webb.
Un bref historique de la NASA
Il n’est peut-être pas connu que la création de la NASA est largement survenue en réponse au lancement par les Soviétiques du satellite « Spoutnik 1 » en orbite autour de la Terre en 1957. Le soutien à la NASA a continué de croître pendant les premières années de la présidence de John Kennedy, lorsqu’il a proposé que les États-Unis envoient un homme sur la Lune d’ici la fin des années 1960, afin de remporter une victoire écrasante sur les Soviétiques, qui avaient pris l’avantage dans chaque étape de l’exploration spatiale jusqu’alors, avec Yuri Gagarin, le premier homme à orbiter autour de la Terre, le 12 avril 1961, à bord de la capsule soviétique « Vostok 1 ».
Pour atteindre cet objectif, environ 200 milliards de dollars (en tenant compte de l’inflation actuelle) ont été dépensés. Le programme Apollo a été conçu et, en 1969, l’astronaute américain Neil Armstrong est devenu la première personne à marcher sur la Lune.
Le succès des États-Unis lors de cet alunissage a représenté une grande défaite politique pour les Soviétiques, contribuant à leur effondrement près de deux décennies plus tard. Après cela, le programme spatial américain a quelque peu ralenti, avec une réduction progressive des vols lunaires et des coupes budgétaires, mais il a récemment lancé un nouveau programme ambitieux pour ramener les humains sur la Lune, nommé « Artemis », lancé en 2017, visant à établir une présence durable sur la Lune et d’autres planètes.
Les raisons poussant les États-Unis à retourner sur la Lune plus de 50 ans après leurs premières missions sont multiples, la première étant le rythme rapide de la progression spatiale chinoise.
« Chang’e » en approche
Dans les mythes chinois anciens, Chang’e était une belle jeune fille qui avala des pilules magiques la rendant capable de voler dans le ciel, s’éloignant de la terre par amour pour son mari. Elle s’accrocha au premier objet flottant, la Lune, et y demeura pour l’éternité, donnant ainsi son nom aux missions spatiales chinoises explorant la Lune.
Fin juin 2024, l'[Administration nationale de l’espace de Chine](https://www.space.com/china-chang-e6-lunar-sample-return) a annoncé avec succès l’atterrissage de la sonde « Chang’e 6 » dans la région de la Mongolie intérieure au nord de la Chine, rapportant des échantillons lunaires pesant environ deux kilogrammes du côté éloigné de la Lune pour la première fois dans l’histoire humaine. Ces échantillons ne sont pas seulement essentiels pour comprendre les débuts de notre système solaire, mais ils aident aussi à déterminer comment exploiter au mieux les ressources lunaires.
La sonde « Chang’e 6 » a décollé le 3 mai à bord d’une fusée « Long March 5 » du centre de lancement de satellites de Wenchang, sur l’île de Hainan, où elle a passé près de deux mois en mission, dont deux jours complets au pôle sud du côté éloigné de la Lune, avant de revenir sur Terre.
Le programme « Chang’e » a débuté en octobre 2007, lorsque la sonde « Chang’e 1 » a été placée en orbite lunaire sur un lancement de fusée « Long March 3A ». La mission a capturé les images les plus précises de la surface lunaire et a cartographié ses caractéristiques, tout en recherchant l’élément « hélium-3 », soupçonné d’être une ressource importante sur la Lune, promesse d’alimenter un jour des réacteurs nucléaires terrestres.
Les objectifs à court et long terme de la Chine
Ce bref historique du programme « Chang’e », jusqu’à l’atterrissage sur le côté éloigné de la Lune, nous apprend quelques-uns des objectifs du programme spatial chinois dans le contexte de la compétition avec les États-Unis. Le premier réside dans le choix des missions, car la Chine semble se concentrer sur l’excellence dans des domaines inexplorés. L’atterrissage sur l’autre face de la Lune représente un atout stratégique qui lui confère un avantage indéniable.
- Le lancement du plus grand télescope radio au monde, « FAST » de 500 mètres de diamètre, a remplacé le télescope Arecibo, incapable de rivaliser depuis qu’il a cessé de fonctionner en 2020.
- Le programme chinois poursuit des objectifs scientifiques et économiques, cherchant à devancer la NASA et à gérer les ressources lunaires.
La Lune recèle d’innombrables [ressources naturelles](https://www.sciencedirect.com/topics/earth-and-planetary-sciences/lunar-resource), telles que l’hydrogène, l’oxygène et d’autres éléments, et des études récentes indiquent la présence d’importantes quantités d’eau, notamment aux pôles. De plus, des proportions d’éléments terrestres rares, indispensables dans presque toutes les industries modernes, sont également présentes.
Mais c’est l’hélium-3 qui retient particulièrement l’attention, car on pense qu’il est abondant dans le régolithe lunaire, produit de l’interaction solaire sur plusieurs millions d’années, alors que la Terre n’en possède que quelques kilogrammes.
Comme il n’existe pas encore de lois claires sur les droits d’exploitation des ressources lunaires, la règle non écrite est de prendre tout ce qu’on trouve, ce qui alimente la rivalité entre États-Unis et Chine.
La militarisation de l’espace
La Chine aspire également à devenir une puissance spatiale dans tous les aspects, et non pas seulement sur la Lune ou Mars. Ainsi, elle vise à établir une infrastructure capable de prendre des mesures concrètes pour dominer ce secteur.
- La station spatiale chinoise est maintenant opérationnelle, impliquant environ 20 pays dans des expériences.
- Le système de navigation par satellite Beidou comprend de nombreux satellites en orbite pour des services de positionnement précis, rivalisant avec les systèmes de GPS.
Bien que les États-Unis conservent le leadership en matière d’espace, l’accélération des réalisations chinoises laisse présager un futur désavantage pour les États-Unis.
Pour illustrer cette tendance, examinons le [nombre de lancements de fusées](https://news.cgtn.com/news/2019-07-19/Why-China-can-build-its-own-space-station–IsD3FrSr60/index.html) : il a fallu à la Chine 37 ans pour atteindre 100 lancements, alors qu’il n’a fallu que 7,5 ans pour réaliser la même chose par la suite. Le lancement du 300e fusée a eu lieu début 2019.
En fin de compte, ces avancées posent la question de savoir si la Chine peut élever son statut au-dessus de la NASA dans cette nouvelle ère de l’espace. Les événements à venir dessineront sans aucun doute les contours de cette compétition croissante.