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Russie et les efforts pour dénouer la crise Turquie Syrie
La Russie ne cesse de tenter d’exploiter les opportunités pour réaliser son objectif ancien et récurrent en Syrie, qui est de complètement mettre fin à la rupture entre Turquie et le régime syrien. Cela est devenu particulièrement manifeste après les avancées notables faites dans ce domaine depuis fin 2022. Des rencontres entre des responsables turcs et ceux du régime syrien ont été régulièrement organisées.
Le dernier objectif affiché du rendez-vous récent entre Nooh Yilmaz, le vice-ministre turc des affaires étrangères, et l’envoyé spécial du président russe en Syrie, Alexandre Lavrentiyev, au début du mois d’août, était de discuter de la situation en Syrie.
Exploitation des calculs turcs par la Russie
Les récents développements sur la scène syrienne et internationale ont incité la Russie à relancer son rôle de médiateur entre Damas et Ankara. La Turquie s’efforce avant tout de résoudre les problèmes de sécurité venant de la frontière syrienne, notamment les menaces permanentes posées par l’ »administration autonome » et sa branche militaire, les Forces démocratiques syriennes, classées par la Turquie comme l’aile syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan.
Pour faire face à ces menaces, Ankara maintient des contacts étroits avec la Russie, qui joue un rôle influent dans les zones contrôlées par les « CSD » après le retrait des troupes américaines en Syrie, suite à l’annonce du président américain Donald Trump en octobre 2019.
Cette situation a permis à la Russie de créer plusieurs points militaires près de la frontière turque, avec en tête la base aérienne de Qamichli, qui a été établie par le ministère russe de la Défense en novembre 2019.
Chronologie des efforts russes
En décembre 2022, la Russie a réussi à accueillir une réunion entre des responsables turcs et syriens au niveau des ministères de la défense et des chefs des services de renseignement. Cette rencontre a été la première de ce type, marquant un dialogue officiel après de nombreuses discussions sécuritaires non publiées. Les discussions ont porté principalement sur les questions de lutte contre le terrorisme et le retour des réfugiés syriens.
En mai 2023, les rencontres entre Damas et Ankara ont atteint un niveau politique, avec un sommet quadripartite à Moscou réunissant les ministres des affaires étrangères d’Iran, de Turquie, de Russie et de Syrie, convenant de préparer une feuille de route pour restaurer les relations.
La situation s’est ensuite intensifiée en juin 2024, lorsque l’administration autonome a annoncé des élections locales, suscitant des craintes en Turquie concernant la séparation de la Syrie et la création d’une entité kurde à sa frontière sud.
Dans l’attente d’un apaisement
Face à cette dynamique, la Turquie a récemment exprimé son souhait de normaliser ses relations avec la Syrie. Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a même lancé une invitation à son homologue syrien Bachar al-Assad pour un entretien en juillet 2024.
La Russie, de son côté, tente de garantir la sécurité et l’intégrité des frontières turques tout en cherchant un équilibre dans ses propres intérêts en Syrie. Cela a conduit à la création récente d’une base militaire russe près de la ville de Kobani en août 2024, en réponse à la situation tendue dans la région.
Les défis à surmonter
Le régime syrien montre une certaine flexibilité envers les initiatives russes, mais il souligne que toute normalisation avec Ankara doit se faire sur la base du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, selon un communiqué du ministère syrien des affaires étrangères en juillet 2024.
Pour sa part, la Turquie insiste sur la nécessité d’une négociation pour le retrait de ses troupes après avoir d’abord facilité le retour des réfugiés et délogé les groupes terroristes de la région.
Alors que les tensions demeurent, la perspective d’un rapprochement durable entre la Turquie et la Syrie semble complexe et incertaine, dépendante d’une multitude de facteurs régionaux et internationaux.