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Qui est Thomas Kwoyelo, commandant rebelle ougandais coupable de crimes de guerre
Un tribunal en Ouganda a reconnu Thomas Kwoyelo, ancien commandant du mouvement rebelle Armée de résistance du Seigneur (LRA), coupable de plusieurs chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, mardi, après plus de 15 ans de retard dans le procès. Cette affaire représente un moment historique pour le pays, étant la première fois qu’un membre de la LRA est jugé en Ouganda.
Le verdict du tribunal
Kwoyelo a été reconnu coupable de 44 infractions, incluant le meurtre et le viol, mais a été acquitté de trois chefs d’accusation de meurtre, selon le juge. Trente et une autres infractions alternatives ont été rejetées.
Le procès a eu lieu au milieu de plusieurs controverses, certains plaidant pour la libération de Kwoyelo en raison de la durée de sa détention préventive par les autorités ougandaises, tandis que d’autres, y compris des victimes, affirmaient qu’il était impliqué dans des meurtres et des tortures, et qu’il devait donc faire face à la justice.
Qui est Thomas Kwoyelo ?
Croyant qu’il est dans la cinquantaine, Kwoyelo était un commandant de bas niveau au sein de la LRA, chargé de s’occuper des membres blessés du groupe. Il a été contraint de rejoindre la LRA en 1987, après avoir été enlevé alors qu’il se rendait à l’école à l’âge de 12 ans, au plus fort du conflit rebelle.
Il est devenu commandant senior, utilisant le surnom de Latoni et supervisant le traitement des combattants blessés. En 2009, Kwoyelo a été capturé en République démocratique du Congo durant une opération des forces régionales. Il avait été rapatrié en Ouganda après avoir subi une blessure par balle à l’estomac. Il a ensuite passé 14 ans en prison pendant que l’accusation montait son dossier.
Les crimes et les accusations
Kwoyelo était accusé de meurtre, de viol, d’enlèvement avec intention de meurtre, de pillage, de vol aggravé, de mauvais traitements, de torture et d’autres crimes de guerre. L’avocat principal de la défense, Caleb Akala, a constamment plaidé son innocence, affirmant qu’il était lui-même une victime de la LRA. Cependant, selon des témoins et des documents judiciaires, Kwoyelo a dirigé plusieurs incursions de la LRA et a été impliqué dans des meurtres.
Un document stipule que « toutes les attaques de la LRA qui ont eu lieu dans le comté de Kilak, district d’Amuru entre 1987 et 2005, objet de cette inculpation, ont été commandées par lui ou ont été réalisées avec sa pleine connaissance et son autorité. »
Joseph Kony et la LRA
Joseph Kony a fondé la LRA en 1987, dans le but de renverser le président ougandais de longue date, Yoweri Museveni. À l’époque, la guerre civile en Ouganda venait de se terminer, entraînant l’émergence de plusieurs groupes rebelles. Kony, ancien enfant de chœur, prétendait être un médium spirituel et aspirait à créer un État chrétien basé sur les dix commandements bibliques. Son armée a terrorisé le nord de l’Ouganda, et ses membres étaient notoires pour leurs attaques brutales qui comprenaient la mutilation.
Kony a également ciblé les enfants, ordonnant l’enlèvement de dizaines de milliers d’enfants utilisés comme esclaves sexuels ou comme soldats enfants. Environ 66 000 enfants ont été enlevés. Les atrocités commises par la LRA ont entraîné le déplacement et la mutilation de milliers de civils. Environ deux millions de personnes ont été déplacées en Ouganda et dans le nord-est de la RDC à cause des activités du groupe.
Amnistie et négociations de paix
En 2000, le gouvernement ougandais a offert l’amnistie aux membres de la LRA souhaitant se rendre. De nombreux anciens enfants soldats ont choisi de rentrer chez eux, mais l’insurrection de la LRA est restée active. Les forces ougandaises ont repoussé le groupe dans des régions de la République centrafricaine, de la RDC, du Soudan et du Soudan du Sud en 2006.
Malgré les offensives, Kony a accepté des négociations de cessez-le-feu, mais celles-ci ont échoué en 2008 après qu’il a refusé une offre d’amnistie, prétendant ne pas avoir commis d’atrocités. La LRA est désignée comme groupe terroriste par l’ONU, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne. Kony reste introuvable depuis l’émission du mandat d’arrêt par la CPI et selon les rapports, son armée a été réduite de 3 000 à environ 100 hommes.
Victime ou coupable ?
Au nord de l’Ouganda, de nombreux anciens membres de la LRA, qui se sont rendus après l’amnistie de 2000, vivent désormais librement dans la communauté. Toutefois, certains groupes, tels que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, s’opposent à la politique d’amnistie, arguant qu’elle ralentit les poursuites pour crimes de guerre.
Certaines personnes à Gulu soutiennent que Kwoyelo devrait recevoir une amnistie, de la même manière que les autres anciens soldats. L’équipe de défense de Kwoyelo a également soutenu qu’il était un enfant lorsqu’il a été enlevé et qu’il était lui aussi une victime. Des groupes de droits, tels qu’Avocats sans frontiers, ont noté que sa détention prolongée a compliqué le dossier de l’accusation.