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L’agent de propagande russe qui cible les esprits américains
Selon le Wall Street Journal, le propagandiste russe Sergueï Kirienko tente, depuis son arrivée au Kremlin, de convaincre le peuple russe de ne voir que ce que le président Vladimir Poutine souhaite qu’il voie. Maintenant, selon des accusateurs américains, il essaie de faire la même chose avec les Américains.
Le rapport, rédigé par Anne M. Simmons et Thomas Grove, souligne que le département de la Justice américain accuse Kirienko de superviser environ 30 domaines en ligne utilisés par le gouvernement russe pour diffuser de fausses informations. Des responsables américains affirment que ces domaines ressemblent à des sites d’actualités américains, mais qu’ils sont remplis de propagande russe visant à éroder le soutien international à l’Ukraine et à manipuler les électeurs américains avant les élections présidentielles.
Un homme clé du Kremlin
Kirienko, un technocrate chevronné et l’un des plus proches collaborateurs de Poutine, est chargé de diverses missions, allant de l’organisation des élections à la direction des efforts de propagande en faveur de la guerre en Ukraine, ainsi que de la supervision des territoires russes occupés dans cette région.
Technocrate d’un nouveau genre
Alexander Gabouïev, directeur du Centre Carnegie Eurasie à Berlin, décrit Kirienko comme un « technocrate idéal dans le mauvais sens du terme ». Il ajoute que les accusations des États-Unis sont un signe de l’ascension de Kirienko. « S’il y a des ordres pour réduire la liberté d’expression, il s’y conformera de manière la plus efficace possible ».
Kirienko a été nommé Premier ministre en 1998 à l’âge de 35 ans par le président Boris Eltsine, ce qui fait de lui le plus jeune chef du gouvernement de la Russie post-soviétique, obtenant ainsi le surnom de « surprise Kinder ». Sa nomination visait à revitaliser une économie russe en difficulté, mais elle se déroule à un moment où Moscou ne pouvait plus faire face à sa dette extérieure, et il a été renvoyé après seulement cinq mois.
La régulation d’internet
Kirienko a rejoint l’administration présidentielle après des années de manifestations de masse à partir de 2011, alors que Moscou cherchait à exercer un plus grand contrôle sur les libertés individuelles. Le Kremlin était convaincu que des plateformes comme Facebook et Twitter étaient des outils du gouvernement américain pour provoquer des révolutions à l’étranger, et il a été chargé d’éteindre la liberté d’expression en ligne.
À son poste, Kirienko a tenté d’imposer des restrictions sur les communications en ligne de la même manière que la Russie a contrôlé les médias traditionnels. Une série de lois a été adoptée pour alourdir les amendes contre les publications critiques du gouvernement.
Son bureau était également responsable de la surveillance des entreprises technologiques russes, telles que « VKontakte », la version russe de Facebook, ainsi que de leur disposition à répondre aux exigences des autorités. D’après une personne ayant travaillé dans une entreprise technologique russe, Kirienko établissait des contacts directs avec ces entreprises.
Enjeux géopolitiques
Les États-Unis ont imposé des sanctions contre Kirienko en 2022 en raison de son rôle dans l’établissement du régime russe dans les territoires ukrainiens illégalement annexés par Moscou. Toutefois, sa carrière politique continue de prospérer, au point que certains analystes du Kremlin le considèrent comme un possible successeur à Poutine.