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Salaire décent : une priorité pour Antoine Armand
Margaux Fodéré / Crédit photo : PHILIPPE HUGUEN / AFP 06h22, le 24 septembre 2024, modifié à 08h39, le 24 septembre 2024
Antoine Armand, le nouveau ministre de l’Économie, a placé la valorisation des travailleurs français au cœur de ses priorités. À son arrivée à Bercy, il a exprimé son souhait de « faire en sorte que tous les Français qui travaillent aient un salaire décent ». Cette initiative s’inspire d’un dispositif récemment adopté par Michelin depuis avril dernier. Toutefois, si le groupe pneumatique a su instaurer ce modèle au sein de son entreprise, l’enjeu de sa généralisation sur l’ensemble du territoire français semble plus complexe.
Une définition complexe du salaire décent
Tout d’abord, il convient de noter qu’il n’existe pas de définition unique du salaire décent. Selon l’Organisation internationale du travail, ce terme désigne « la rémunération perçue par un travailleur pour une semaine de travail normale », permettant de subvenir à ses besoins primaires ainsi qu’à ceux de sa famille. En revanche, Michelin adopte une approche plus large en stipulant que cette rémunération doit également permettre d’accéder à des loisirs ou des vacances.
Un autre obstacle réside dans le fait que le salaire décent dépend de divers critères, y compris le prix de l’immobilier – premier poste de dépense pour de nombreux Français. Par exemple, vivre avec 2 500 euros par mois à Paris n’est pas comparable à le faire à Limoges. Ainsi, le concept de salaire décent doit être envisagé au niveau local, comme l’affirme Delphine Lingeant, députée du Puy-de-Dôme. Elle souligne : « Dans la définition de ce salaire décent, il va falloir prendre en compte le coût de la vie sur chaque territoire. C’est ce qu’a fait Michelin : le salaire décent de ses salariés à Paris c’est deux fois le SMIC, et à Clermont, c’est 20 % de plus que le SMIC ».
Le débat sur l’augmentation du SMIC
Pour certains économistes, la France dispose déjà d’un salaire suffisant permettant aux travailleurs de vivre dignement grâce au SMIC. Cela soulève la question : faut-il envisager son augmentation ? L’utilisation du terme « salaire décent » par Antoine Armand pourrait relancer le débat sur le sujet. Néanmoins, cette éventualité comporte des risques, selon l’économiste Sylvain Bersinger.
Il explique : « Le problème, c’est que vous augmentez le coût du travail, donc vous diminuez l’incitation à embaucher des personnes au SMIC. En effet, si l’on compare le salaire minimum en France avec celui d’autres pays, il est généralement plus élevé ». Actuellement, le SMIC se situe aux alentours de 1 400 euros nets par mois.