Table of Contents
Désmicardiser la France : une réforme des cotisations sociales proposée par Antoine Bozio et Étienne Wasmer
Dans le cadre d’une initiative visant à faciliter les augmentations de salaires pour les travailleurs les moins payés, un rapport récemment publié suggère de revoir le système d’exonérations de cotisations sociales en France. Les économistes Antoine Bozio et Étienne Wasmer avancent l’idée de « désmicardiser » la France.
Propositions de réforme des exonérations de cotisations
Publiée le 3 octobre, cette étude propose une répartition différente des allègements de cotisations qui sont actuellement très concentrés autour du SMIC. Les auteurs estiment qu’il est nécessaire de rompre avec la tendance à renforcer continuellement ces exonérations sur les bas salaires. Dans leur rapport remis au gouvernement, ils plaident pour une modulation des cotisations : augmenter légèrement entre 1 et 1,2 SMIC, alléger entre 1,2 et 1,9 SMIC, et alourdir entre 1,9 et 3,5 SMIC, en arrêtant les allègements à 2,5 SMIC, contre 3,5 SMIC aujourd’hui.
L’impact du système actuel sur les salaires
Le système des exonérations, mis en place progressivement depuis trois décennies, a contribué à faire chuter le taux de cotisations sur un salarié au SMIC à seulement 6,9 %, comparé à 45 % en 1993. Cette situation a entraîné une augmentation significative du nombre de salariés payés au SMIC, atteignant 17,3 % des employés au 1er janvier 2023. Les effets de seuil créent également une situation où certains salariés hésitent à demander des augmentations de peur de perdre leurs primes d’activité.
Coût du travail et perception des augmentations
Selon le rapport, pour une personne seule sans enfant au SMIC, l’augmentation du coût du travail requise pour générer une hausse du revenu disponible de 100 euros mensuels s’élevait en octobre 2023 à 483 euros, dont 78 euros étaient liés à la prime d’activité. Des effets de seuil importants ont également été observés, illustrés par un exemple où une augmentation de salaire brut mensuel de 3 803 euros à 3 804 euros entraîne une hausse du coût du travail annuel de 2 756 euros, tout en n’apportant qu’un gain net d’environ 9,50 euros pour le salarié sur l’année.
Redynamiser les salaires grâce à la réforme
La réforme envisagée vise à « redynamiser les salaires », comme l’a souligné Étienne Wasmer lors d’une conférence de presse. Avec le scénario proposé, le coût d’augmentation des salaires pourrait diminuer de manière significative, estimée autour de 10 %. Ainsi, pour une personne seule sans enfant au niveau du SMIC, une hausse de 100 euros correspondrait désormais à un coût de 430 euros, plutôt qu’à 483 euros, représentant une avancée vers une meilleure équité dans les rémunérations en France.