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Le débat sur la conscience animale et le bien-être animal
Jan Warndorff a récemment plaidé pour un meilleur traitement des animaux et de la nature dans *NRC*, en se basant sur des études récentes concernant la conscience des êtres vivants. Cette idée, que nous soutenons pleinement, est cependant nuancée par les arguments présentés par l’auteur. En effet, certaines de ses affirmations pourraient donner de la légitimité aux critiques qui contestent l’étude de la vie intérieure des animaux, ce qui pourrait nuire à leur statut.
Une déclaration révélatrice mais pas nouvelle
Warndorff évoque la récente *New York Declaration on Animal Consciousness* comme un tournant dans notre rapport aux animaux. Il laisse entendre que cette déclaration serait inédite, remplaçant une vision « mécanique » des animaux et des plantes. Pourtant, cette perspective néglige une évolution déjà amorcée dans la biologie comportementale depuis la seconde moitié du XXe siècle. Charles Darwin, dès le milieu du XIXe siècle, avait déjà abordé les émotions chez les animaux. De plus, peu de gens considèrent les animaux comme de simples « machines », tant dans le domaine de la biologie comportementale que dans la société en général. Des déclarations similaires ont également été faites auparavant, comme la *Cambridge Declaration of Consciousness* en 2012, ainsi qu’un appel similaire par Frans de Waal et Mariska Kret en 2019, dans une revue scientifique.
Des comportements mal interprétés
Il est également préoccupant que certains exemples soient cités comme preuves de la conscience animale alors qu’ils ne le sont pas. Prenons les études récentes sur les soins des blessures et les amputations de pattes chez les fourmis ou encore la danse des abeilles. Bien que ces comportements soient fascinants, ils peuvent être expliqués comme des instincts relativement rigides. Un principe fondamental en biologie comportementale consiste à examiner d’abord si les observations peuvent être expliquées par des mécanismes simples avant d’accorder aux animaux des capacités cognitives élevées. La nature regorge de réponses automatiques et d’instincts, des humains aux bactéries, soulevant ainsi la question de la pertinence de ces découvertes par rapport à la conscience animale.
Quelles preuves de la conscience animale ?
Alors, quelles sont les véritables preuves de la conscience chez les animaux ? Une étude récente a démontré que les grands singes pouvaient se mettre à la place d’autrui. Une autre recherche a révélé que les abeilles pouvaient ressentir des états d’âme positifs ou négatifs. De plus, une autre étude a montré que les bernard-l’ermite éprouvaient de la douleur. Ces recherches, parmi tant d’autres, sont cruciales pour comprendre la conscience animale.
Les limites de la recherche sur la conscience
Warndorff aborde également les émotions végétales. Toutefois, Jonathan Birch, l’initiateur de la *New York Declaration*, souligne dans son livre *The Edge of Sentience* qu’il n’existe aucune preuve de la conscience des plantes, car celles-ci ne présentent pas de système centralisé de perception des stimuli, comme le cerveau chez les animaux. Par ailleurs, même chez les animaux, il n’y a pas encore de preuve tangible de la présence d’émotions subjectives, rendant difficile l’évaluation de la conscience chez des espèces non verbales.
Cela illustre un problème plus large dans la recherche comportementale : nous ne pouvons tester la conscience que chez les animaux suffisamment intelligents pour participer à nos expériences, et saisir ce qui en est attendu. Cela dit, les innovations technologiques ouvrent de nouvelles avenues pour des recherches créatives dans ce domaine.
En résumé, bien que nous soyons d’accord avec Warndorff sur le fait qu’une révolution est en cours, permettant de mieux comprendre la vie intérieure des animaux grâce aux techniques modernes, cela ne signifie pas que nous devrions faire preuve de précipitation en attribuant la conscience sans preuves solides. Les animaux méritent un traitement respectueux basé sur des données scientifiques solides plutôt que sur des interprétations excessives.