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Des files interminables de voitures s’étirent sur les autoroutes de Floride, alors que les habitants cherchent à fuir le danger imminent. L’ouragan Milton, qui a gagné en intensité lors de sa traversée du golfe du Mexique, devrait toucher l’État américain dans la nuit. À Washington, Joe Biden a alerté la population, les incitant à évacuer face à « la pire tempête en Floride depuis un siècle ».
Un ouragan de grande ampleur
« On ne pourra avoir une appréciation définitive qu’après son passage, mais le fait qu’il soit dans les cinq plus gros ouragans de l’histoire de la Floride est déjà établi », indique Matthieu Schorung, maître de conférences en géographie à la Sorbonne Université. Milton devrait se situer « au moins au niveau » de l’ouragan Okeechobee, en 1928, et du Labor Day Hurricane de 1935, qui avait enregistré des vents atteignant 295 km/h lors de son impact sur les terres.
Une géographie vulnérable
La géographie de la Floride contribue à la gravité de la situation. « La Floride est une péninsule particulièrement basse et vulnérable à la montée des eaux », souligne le géographe. La côte ouest du pays devrait particulièrement subir les conséquences de l’ouragan, où « l’onde de tempête pourrait atteindre au moins trois mètres, entraînant une submersion du littoral ».
De plus, 90 % de la population vit près des côtes. Bien que Miami ne devrait pas être trop touchée, « Tampa, avec ses 3,2 millions d’habitants, sera en première ligne, tandis qu’Orlando, qui compte 4 millions d’habitants et se situe à l’intérieur des terres, devrait également être affectée par un ouragan affaibli ». L’urbanisation de la Floride, avec de vastes zones pavillonnaires construites majoritairement en bois ou avec des matériaux de récupération, augmente cette vulnérabilité. « Ces habitations risquent d’être balayées comme des fétus de paille par des vents atteignant 240 km/h », prévient Matthieu Schorung.
Un État déjà affaibli
La puissance de Milton ne suffit pas à faire de lui « la tempête du siècle », bien qu’il se classe au cinquième rang des plus basses pressions au centre, juste derrière Wilma en 2005. L’enchaînement des catastrophes est un élément crucial à considérer. Le passage de l’ouragan Hélène, il y a deux semaines, a déjà fragilisé la côte floridienne. « Les autorités ont dû évacuer d’urgence les débris laissés par les populations, qui représentaient des projectiles potentiels pour Milton », souligne Schorung.
Les inondations sont également susceptibles d’être amplifiées sur un sol déjà détrempé. Météo-France rappelle que « le changement climatique accroît les forts cumuls de précipitations associés aux cyclones », pouvant atteindre jusqu’à 12 % supplémentaires pour une augmentation de 2 °C de la température.
Une prise de conscience accrue
Enfin, la montée en puissance de Milton, passant « de catégorie 1 à 5 en à peine 10 heures » lors de sa sortie du Mexique, a engendré une « sidération et une prise de conscience », affirme Matthieu Schorung. La destructivité d’un ouragan dépend également du degré de préparation. « Katrina, lorsqu’elle a touché terre en catégorie 3, a causé des destructions massives », conclut le géographe.