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La santé de Paul Biya : un sujet sensible au Cameroun
L’absence prolongée du président camerounais Paul Biya, qui dure depuis un mois, suscite des spéculations intenses sur sa santé. Cela alimente également les craintes d’une lutte de pouvoir entre les factions politiques du pays central africain.
Biya, qui a longtemps été entouré de soupçons concernant sa santé, disparaît fréquemment pendant des semaines avant de réapparaître. Ces absences prolongées ont un impact négatif sur le fonctionnement quotidien d’un pays confronté à de multiples défis, notamment une guerre sécessionniste à l’ouest et un conflit armé au nord, selon des analystes.
Pourquoi ces spéculations ?
Biya n’est pas apparu en public depuis le 8 septembre, date à laquelle il a assisté au forum Chine-Afrique à Pékin, en compagnie de plusieurs dirigeants du continent.
Ouverture officielle, ce 5 septembre 2024, du Forum sur la Coopération Sino-Africaine. J’ai suivi avec attention, le programme en dix points exposé par S.E. Xi Jinping dans le cadre de la vision d’un partenariat stratégique global avec l’Afrique.
Le président a annulé sa participation à plusieurs engagements de haut niveau, dont l’Assemblée générale des Nations unies en septembre et le sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie, qui s’est tenu à Paris le 4 octobre.
Des groupes de la société civile et des leaders de l’opposition au Cameroun demandent des éclaircissements sur les lieux de Biya. Christian Ntimbane, avocat et homme politique, a adressé une lettre ouverte aux responsables en déclarant : « S’il est en vacances, dites-le. S’il est malade, dites-le aussi. »
Que dit le gouvernement ?
Au départ, les responsables ont tenté de minimiser l’absence de Biya, affirmant qu’il est en bonne santé en Suisse, où l’on pense qu’il s’est rendu après le forum de Beijing. Le ministre de la Communication, René Sadi, a déclaré début octobre que les spéculations et rumeurs sur la santé du président n’avaient « aucun lien avec la réalité » et n’étaient que « pure fantaisie ». Sadi a ajouté : « Le chef de l’État va bien et rentrera au Cameroun dans les prochains jours. »
Cependant, ces assurances ont eu peu d’effet. Le 9 octobre, le ministre de l’Intérieur, Paul Atanga Nji, a interdit aux médias camerounais de « débattre » et de rapporter sur la santé de Biya, en disant que cela posait un problème de sécurité et « troublait la tranquillité » des Camerounais.
Dans une lettre adressée aux gouverneurs régionaux, Nji a averti que toute discussion supplémentaire sur la santé du président serait punie, menaçant ceux qui enfreindraient l’ordre de « subir la pleine rigueur de la loi ». Il a également ordonné aux gouverneurs de mettre en place des « cellules de surveillance » pour contrôler le contenu en ligne.
Une situation déjà vécue au Cameroun
Ceci n’est pas la première fois que le président est absent pendant des semaines, et il n’est pas rare que les Camerounais soient dans l’incertitude quant à sa santé. À 91 ans, Biya est le deuxième dirigeant en fonction le plus ancien d’Afrique, ayant accédé au pouvoir en 1982.
Les longues absences de Biya et de son palais à Yaoundé lui ont valu le surnom de « président en déplacement ». Un hôtel cinq étoiles à Genève, en Suisse, est réputé être sa destination préférée. On suppose qu’il y reçoit des soins médicaux, mais aussi qu’il en profite pour faire du shopping. Sa femme, Chantal Biya, est connue pour son goût extravagant.
Un combat politique en gestation ?
Avec les absences accrues du président, certains s’inquiètent d’un possible conflit entre les factions de l’élite politique du pays qui cherchent à s’installer au pouvoir dans un Cameroun post-Biya.
Bien que le Cameroun ait un système multipartite avec des élections générales périodiques, le parti au pouvoir de Biya, le Mouvement Démocratique du Peuple Camerounais (MDP), a toujours dominé les élections.
Des spéculations fortes circulent concernant son fils, Franck Biya, qui pourrait être le candidat préféré, bien qu’il soit connu pour rester en retrait et révéler peu de choses sur ses ambitions politiques. L’année dernière, il a visité le site d’un glissement de terrain ayant tué 30 personnes à Yaoundé, sans faire de déclaration à la presse.