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Dans son dernier ouvrage, Jean-David Zeitoun s’attache à décrire *Les Causes de la violence* (Denoël, 256 pages, 20 euros). Ce médecin et épidémiologiste se concentre sur la violence exercée par des personnes considérées comme « normales » et démontre qu’il existe des leviers d’action pour y remédier.
Les propos de Donald Trump sur la violence
Lors d’une de ses tirades contre les migrants, le candidat à la présidentielle américaine Donald Trump a déclaré, le 7 octobre, que « les meurtriers, c’est dans les gènes ». Apparemment, il n’a pas encore lu votre livre…
« C’est une vieille idée. Cela ne m’étonne pas que ça vienne de lui. Il y a souvent une idéologie, au minimum une mentalité, derrière ce genre de propos. Il n’a pas avancé le moindre début de preuve autre que sa propre intuition, qu’elle soit sincère ou non », répond Zeitoun.
Déterminants génétiques de la violence
Au contraire, estimez-vous que les déterminants génétiques concernant la violence ne sont pas prouvés ?
« Les preuves me paraissent extrêmement pauvres, sauf, peut-être, pour une minorité de psychopathes. Mais ce n’est pas le sujet, puisque la plus grande part de la violence exercée vient de gens « normaux » – celle à laquelle je me suis intéressé dans ce livre », explique l’épidémiologiste.
La définition de la violence « normale »
Vous n’abordez pas la violence de la guerre, la violence terroriste, etc. Mais une violence dite « normale ». Quelle en est la définition ?
« C’est la violence physique, personnelle. Elle est décrite dans des études épidémiologiques, notamment sur les homicides, similaires aux études sur les causes des cancers, des maladies cardio-vasculaires, ou des maladies mentales. Il existe une science des homicides, alors qu’il n’y a pas de science de la guerre ou du terrorisme, seulement des analyses », précise Zeitoun.
La violence dans le contexte de la santé publique
Cette violence-là n’est-elle pas très minoritaire, par rapport à d’autres questions de santé publique ?
« Les homicides en France ont toujours été un phénomène minoritaire, et cela reste vrai aux XXe et XXIe siècles. En moyenne, il y avait 800 morts par an, et depuis 2022 et 2023, ce chiffre est monté à 1 000 morts par an, représentant une croissance significative. Cette volatilité est une caractéristique de la violence, qu’on n’observe pas avec les maladies, les suicides ou les accidents », note-t-il.
« Cela constitue 0,16 % des causes de décès en France, malgré le fait que c’est un sujet qui préoccupe, voire obsède, la société. Le processus de civilisation fait que nous trouvons la violence insupportable, ce qui explique qu’on en parle plus que son importance factuelle ne le justifierait. Aujourd’hui, nous avons beaucoup moins de chances de mourir d’homicide qu’il y a cent cinquante ans, et énormément moins qu’il y a cinq cents ans. »