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Une attaque contre le consulat chinois à Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie, met en lumière les défis auxquels Pékin est confronté dans ce pays en guerre. Alors que la Chine tente de trouver un équilibre entre la junte au pouvoir et l’opposition armée, cette situation suscite des inquiétudes parmi les observateurs.
Détails de l’attaque
Le 18 octobre, un engin explosif a été déclenché, causant des dégâts à l’immeuble de deux étages du consulat chinois, selon le ministère des Affaires étrangères chinois. Aucun blessé n’a été signalé. Cet incident soulève des doutes sur la capacité du gouvernement militaire à protéger les intérêts et les actifs chinois dans un contexte de guerre civile de plus en plus violente, d’autant plus qu’une visite de Min Aung Hlaing, le chef de la junte, en Chine est prévue pour le mois prochain.
Réactions de Pékin
Beijing, en tant que principal allié et fournisseur d’armes du régime birman, a fermement condamné l’attaque. Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a appelé la Birmanie à faire toute la lumière sur cet incident et à traduire les responsables en justice. Il a également insisté sur la nécessité d’éviter que de tels événements ne se reproduisent.
Analyse de la situation
Les détails de l’attaque restent flous et il est encore incertain qui en est responsable. La junte a accusé des « terroristes », tout en menant une enquête en coopération avec les responsables du consulat. Selon Jason Tower, expert en Birmanie au United States Institute of Peace, cet incident met en évidence l’incapacité continue du régime militaire à assurer même un niveau de sécurité minimal pour protéger ses principaux soutiens externes.
Un moment sensible pour la Chine
Les analystes soulignent que l’attaque survient à un moment sensible, car la Chine a renforcé son soutien à la junte isolée internationalement, surtout après la récente victoire des rebelles à Lashio, un point stratégique dans le pays. Après cette victoire, le diplomate chinois Wang Yi a rencontré Min Aung Hlaing lors d’un rare déplacement en Birmanie, ce qui est perçu comme un soutien tacite à la junte.
Amara Thiha, chercheur en Birmanie, a noté que l’absence d’identification des responsables souligne les défis de sécurité plus larges à Mandalay et au-delà. Bien que le gouvernement d’unité nationale (NUG) ait nié toute implication dans l’attaque, il est possible que des groupes non affiliés aient agi.
Implications pour la diplomatie chinoise
Bien que cet incident ne semble pas avoir d’impact immédiat sur les relations entre la Chine et la junte, il souligne la fragilité de la position de Pékin. Zachary Abuza, expert en Asie du Sud-Est, a suggéré que cette attaque pourrait être une opération de faux drapeau orchestrée par la junte elle-même pour discréditer l’opposition armée.
Tensions croissantes près de la frontière chinoise
La récente capture de la ville de Hsipaw par l’Armée de libération nationale Ta’ang a intensifié les tensions près de la frontière chinoise. Cette situation pourrait compliquer l’équilibre que Pékin tente de maintenir entre son soutien à la junte et ses relations avec les groupes armés d’opposition.
Malgré le soutien économique et militaire de Pékin, les experts estiment que la junte est perçue comme incapable de protéger les intérêts chinois, ce qui pourrait forcer la Chine à revoir sa stratégie et à s’appuyer davantage sur les groupes armés ethniques ou le NUG pour sécuriser ses intérêts en Birmanie.
À venir : la visite de Min Aung Hlaing en Chine
La visite prévue de Min Aung Hlaing en Chine pourrait porter sur la situation sécuritaire en Birmanie, à la lumière des récents revers militaires. La Chine, pour sa part, cherchera probablement à obtenir des assurances concernant ses actifs et investissements dans le pays, tout en insistant sur la nécessité d’une stabilité à long terme.
Conclusion sur la stratégie chinoise
La Birmanie occupe une place importante dans la stratégie régionale de Pékin, notamment en tant que source essentielle de pétrole et de gaz pour le sud-ouest de la Chine. Pékin vise à établir sa domination dans la région de l’océan Indien en intégrant l’économie birmane à celle du Yunnan tout en renforçant ses plateformes multilatérales dominées par la Chine.