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Le procès des effondrements de la rue d’Aubagne débute ce jeudi 7 novembre à Marseille, six ans après le drame dans lequel huit personnes ont perdu la vie. L’audience, qui s’étendra sur six semaines, débutera par une partie technique, suivie des récits de vie des victimes et d’une dimension politique.
Un procès hors-norme
Après six ans d’instruction judiciaire et six mois de préparation, le procès des effondrements de la rue d’Aubagne s’ouvre dans la salle des procès de la caserne du Muy, dans le 3e arrondissement de Marseille. Au total, 87 parties civiles se mesureront à 16 prévenus, comprenant douze personnes physiques et quatre personnes morales.
Ce procès, qui se déroule sur 41 jours, vise à établir la chaîne des responsabilités liée à ce tragique événement. Les audiences seront divisées en trois grandes thématiques : technique, humain et politique.
Fissures et négligences : le volet technique
Dès le deuxième jour, l’audience abordera la partie technique en se concentrant sur les dates clés et les alertes concernant les immeubles concernés. À partir du mardi 12 novembre, l’audience retracera l’historique et le descriptif des immeubles situés aux 63 et 65 rue d’Aubagne pour mieux comprendre les circonstances des effondrements.
Me Brice Grazzini, avocat représentant 30 parties civiles, souligne l’importance de cette phase : « On va voir tous les symptômes de ces immeubles, les mesures prises et revenir sur l’expertise ». Le tribunal s’appuiera sur les travaux de trois experts, dont Bernard Bart, qui a identifié les manquements des propriétaires et des services de prévention.
Les victimes au cœur des débats
À partir du vendredi 15 novembre, les audiences se concentreront sur les parcours de vie des huit victimes : Julien Lalonde, Marie-Emmanuelle Blanc, Simona Carpignano, Taher Hedfi, Fabien Lavieille, Pape Niasse, Ouloume Saïd Hassani et Mohamed Cherif Zemar. Le portrait de chacun sera affiché dans la salle d’audience pour leur rendre hommage.
Me Grazzini précise : « Il s’agit de les faire exister. C’est important pour eux comme pour leurs proches ». Les propriétaires des immeubles seront également entendus, eux qui ont été cités à comparaître par les avocats.
Un procès politique : la méthode Gaudin en question
Le procès abordera également les responsabilités politiques, notamment celle de Julien Ruas, ancien adjoint au maire Jean-Claude Gaudin. Il fait face à des accusations telles que « homicides involontaires » et risque jusqu’à cinq ans de prison ferme ainsi qu’une amende de 75.000 euros.
Me Erick Campana, avocat de Ruas, défend son client en affirmant qu’il a suivi la procédure correctement. Néanmoins, les négligences face aux alertes de 2014 et 2017 ainsi qu’un arrêté de péril daté d’octobre 2018 seront des points cruciaux du procès.
Ce procès vise à établir une chaîne de responsabilités pour éviter que de tels drames ne se reproduisent. Les peines maximales encourues peuvent atteindre 10 ans de prison et 1.500.000 euros d’amende pour soumission de personnes vulnérables.