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Trump et les politiques climatiques : que prévoir pour l’avenir ?

by Sara
États-Unis

Si le premier mandat de Donald Trump en tant que président des États-Unis n’avait eu que peu d’effets sur les politiques climatiques du pays, la situation pourrait être différente pour les quatre années à venir. Christian de Perthuis, professeur d’économie et fondateur de la chaire « Économie du climat » à l’Université Paris Dauphine – PSL, analyse les implications potentielles de cette réélection.

Un premier mandat peu impactant

Climatosceptique affiché, Donald Trump avait fait campagne en 2016 sur la relance du charbon aux États-Unis, l’allègement des contraintes environnementales imposées par l’administration démocrate et la sortie de l’Accord de Paris. Toutefois, durant son premier mandat (2017-2020), il n’y a pas eu de relance significative du charbon, l’électricité produite à partir du gaz ou des énergies renouvelables restant trop compétitive.

L’allègement des contraintes réglementaires s’est traduit par l’abrogation du Clean Power Act, une régulation issue de l’administration Obama, qui n’était pas entrée en vigueur à cause d’un manque de soutien au Congrès. Le retrait de l’Accord de Paris, annoncé en juin 2017, a également eu peu de conséquences, car il nécessitait un délai de quatre ans pour être effectif.

La COP29, un moment charnière

Donald Trump n’a pas caché son intention de quitter à nouveau l’Accord de Paris, qu’il qualifie régulièrement de « ridicule », « injuste » ou « désastreux ». Selon lui, cet accord coûterait des centaines de milliards aux États-Unis sans rien demander à des pays comme la Chine ou d’autres pays émergents. Un deuxième retrait des États-Unis semble donc inévitable, avec des conséquences plus dévastatrices pour les négociations climatiques internationales.

La COP29, qui se déroulera à Bakou, pourrait être impactée par cette décision, rendant difficile l’obtention d’engagements pour l’augmentation des financements climatiques, alors que les États-Unis représentent un bailleur de fonds clé.

Objectifs de réduction des émissions

La réévaluation des objectifs de réduction des émissions pour 2030 et 2035 sera cruciale lors de la COP30, prévue à Belém (Brésil) l’an prochain. Les États-Unis, étant le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre, seront essentiels pour l’atteinte d’un accord significatif.

Actuellement, les États-Unis ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre leur objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, qui prévoit une diminution de 50 à 52 % entre 2005 et 2030. Des mesures complémentaires auraient dû être mises en place pour soutenir l’Inflation Reduction Act, principal outil de financement de la transition énergétique adopté sous l’administration Biden.

« Drill, baby, drill ! »

Avec le retour de Trump, un changement radical de perspective est à attendre. L’objectif de réduction des émissions pourrait être abandonné au profit d’une promesse faite lors de la Convention Républicaine de juillet 2024, visant à réduire de moitié le coût de l’énergie pour les ménages américains. Ce slogan, « Drill, baby, drill », soulignerait une relance de l’exploration pétrolière et gazière, alors même que les États-Unis ont déjà atteint le statut d’exportateurs nets de pétrole et de gaz.

Les conditions fiscales et financières pour l’industrie pourraient devenir plus favorables, entraînant une augmentation significative des émissions. Cette relance pourrait générer, d’ici 2030, environ 2 Gt d’équivalents CO2, ce qui représente cinq fois les émissions de la France.

Impact sur les énergies renouvelables

Le démantèlement des soutiens aux énergies renouvelables via l’IRA pourrait poser des problèmes politiques, car de nombreux élus républicains bénéficient des subventions de ce programme. De plus, cette stratégie irait à l’encontre de l’objectif d’une baisse des prix de l’énergie.

Dans ses discours, Trump présente souvent les énergies solaires et éoliennes comme plus coûteuses que les énergies fossiles, une vision de plus en plus déconnectée des réalités industrielles actuelles. Pour réellement faire baisser le prix de l’électricité, il serait plus judicieux d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables plutôt que de freiner leur développement.

Le président Donald Trump entouré de Cody Campbell, à gauche, et John Sellers, à droite, co-PDG de Double Eagle Energy, sur la plateforme pétrolière de Double Eagle Energy, le mercredi 29 juillet 2020, à Midland, au Texas.

Avec une majorité républicaine au Congrès et une Cour suprême favorable, les garde-fous politiques pour contrer cette régression climatique seront limités. Il reste cependant un garde-fou économique, car le projet que souhaite concrétiser Donald Trump semble ancré dans le passé plutôt que dans l’avenir.

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