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Dans la vie, beaucoup ont entendu des remarques similaires depuis leur première histoire d’amour : *« Mais tu passes à côté de ta jeunesse ! »*, *« comment peux-tu savoir ce que tu aimes si tu n’as personne d’autre avec qui comparer ? »*, ou encore *« mais sérieusement, tu n’as pas envie d’aller voir ailleurs ? »*. Ces phrases, souvent prononcées par des amis ou des membres de la famille, sont familières à ceux qui n’ont connu qu’un unique partenaire sexuel, celui ou celle avec qui ils ont découvert leur sexualité. Ces individus suscitent une *« fascination »*, une *« curiosité »*, parfois même une *« admiration »*, et sont souvent comparés à des *« oiseaux rares »*.
Tendances de la sexualité en France
Les récits de ces personnes s’inscrivent dans une minorité parmi la population française, à l’opposé des tendances actuelles. Les résultats préliminaires de l’enquête « Contexte des sexualités en France » 2023, réalisée par l’Inserm et l’ANRS-Maladies infectieuses, dévoilés le 13 novembre, soulignent cette réalité. L’étude, qui a impliqué 21 259 personnes âgées de 15 à 89 ans, montre une augmentation significative du nombre moyen de partenaires sexuels au cours d’une vie. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les femmes, dont le nombre moyen de partenaires a presque doublé en vingt ans, passant de 4,5 en 2006 à 7,9 aujourd’hui. Pour les hommes, la hausse est aussi présente, mais moins prononcée, passant de 11,5 à 16,4 partenaires.
Des données révélatrices
Pour mieux comprendre cette dynamique, il est nécessaire de se référer aux données de 2006, qui montraient que 33,6 % des femmes et 16 % des hommes avaient connu un unique partenaire dans leur vie. En analysant les résultats, on constate un décalage entre les générations : les Français d’une quarantaine d’années ayant vécu la *« libéralisation des comportements sexuels »* et ceux approchant des 70 ans. Par exemple, parmi les 65-69 ans, 57,5 % des femmes indiquaient n’avoir eu qu’un partenaire sexuel, un chiffre presque deux fois plus élevé que celui des hommes de la même tranche d’âge, dont seulement 26,9 % partageaient ce constat.
Le témoignage de Marie
À 88 ans, Marie (la plupart des prénoms ont été changés) illustre cette *« génération où l’on choisissait moins facilement ses partenaires »*. Avec une voix douce, elle évoque son passé avec son défunt mari, décédé il y a dix ans d’un cancer. Ils se sont rencontrés à 18 ans dans l’hôpital où elle travaillait, et la relation a rapidement mené aux fiançailles. Elle se souvient : *« Il était certain pour nous que nous ne coucherions pas ensemble avant le mariage. Ce n’était pas dit, mais les règles allaient de soi. »*