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G20 : Vers une fiscalité équitable pour les plus riches

by Sara
France

Le communiqué final inédit des chefs d’État du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil, marque une étape importante dans la quête mondiale d’une fiscalité équitable et progressive. Sous le leadership du Brésil, pour la première fois dans l’histoire de ce club d’économies riches, le G20 s’est engagé à promouvoir une coopération inclusive et efficace.

Pourquoi est-ce important pour l’Afrique ?

Chaque année, l’Afrique perd environ 90 milliards d’euros en flux financiers illicites, auxquels s’ajoutent environ 220 milliards d’euros en raison d’allégements fiscaux qui profitent de manière disproportionnée aux super-riches. Patrick Olomo, conseiller politique de l’Union africaine, a souligné cette réalité lors des réunions du FMI et de la Banque mondiale à Washington.

Ces fonds pourraient servir à financer la transition climatique, les infrastructures, l’éducation et les besoins urgents en matière de santé. Si le continent ne parvient pas à élargir son assiette fiscale et à augmenter ses ressources, il sera encore plus difficile de faire face aux crises simultanées provoquées par la guerre, le changement climatique et l’insécurité alimentaire. L’Afrique concentre 33 des 45 pays les moins avancés selon la liste des Nations Unies, dont 20 sont aux prises avec des niveaux d’endettement élevés, voire au bord de la faillite.

Par exemple, la ministre des Finances de l’Angola, Vera Daves de Sousa, a déclaré que les recettes fiscales du pays ne suffisent qu’à payer les salaires des fonctionnaires et à assurer le service de la dette. Au Nigéria, le ministre de la Justice estime que le pays perd en moyenne 18 milliards d’euros par an à cause des flux financiers illicites. L’Afrique du Sud a également perdu 20 milliards d’euros par an en raison de l’évasion fiscale entre 2009 et 2018.

Une opportunité pour une meilleure fiscalité

Pour augmenter la collecte de recettes, les pays africains doivent améliorer leur « espace fiscal » en taxant équitablement les multinationales opérant sur le continent et les super-riches, un segment de la population qui est largement sous-imposé.

Selon le rapport Henley & Partners sur la richesse en Afrique en 2024, le continent compte 135 200 millionnaires et 21 milliardaires, avec une richesse combinée de 2,5 trillions d’euros. Cinq pays représentent 90 % des milliardaires : l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya, le Nigéria et le Maroc.

Ces individus délocalisent facilement leur richesse en la répartissant sur différents actifs dans diverses juridictions, souvent dissimulée derrière des sociétés, des trusts et d’autres arrangements juridiques. Une part importante de cette richesse se retrouve dans le marché immobilier de luxe des grandes villes du Nord, alimentant l’accumulation de richesses à l’étranger.

Vers une réforme de la fiscalité internationale

La concentration extrême des richesses et l’impunité ont été révélées dans de nombreux scandales financiers, incitant l’OCDE à examiner comment corriger les distorsions mondiales. Cependant, l’accord qui en a découlé après dix années de négociations est considéré comme décevant pour les pays émergents, qui craignent que l’extrémisme populiste ne capitalise sur les promesses non tenues.

En réponse, l’Union africaine et d’autres pays en développement ont exigé que les négociations fiscales internationales soient déplacées vers les Nations Unies. La convention-cadre sur la coopération fiscale internationale, qui est sur le point d’être approuvée, pourrait s’attaquer à l’évasion et à l’optimisation fiscales, avec l’objectif d’une imposition effective des sociétés et des particuliers fortunés.

Une étape cruciale pour le G20

Pour la première fois dans l’histoire du G20, les chefs d’État et de gouvernement ont soutenu l’idée d’une meilleure coopération afin que les personnes les plus riches paient leur juste part d’impôt lors du sommet des 18 et 19 octobre à Rio de Janeiro.

La coopération fiscale internationale est cruciale pour que les pays africains puissent imposer les multinationales et les plus riches sans craindre qu’elles ne se déplacent vers d’autres pays. Les mesures de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales sont essentielles pour contrer les flux financiers illicites, qui sont souvent liés au blanchiment d’argent.

Les efforts de l’OCDE ont été progressifs mais limités. La convention des Nations Unies représente une opportunité unique d’établir un cadre fiscal mondial plus équitable, facilitant une mobilisation efficace du financement du développement.

Léonce Ndikumana

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