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Milei et les médias : une crise de confiance en Argentine

by Sara
Argentine

La journaliste Laura Yanella, membre d’En Tránsito FM, une radio communautaire de la province de Buenos Aires, s’est exprimée sur la situation politique en Argentine lors d’un événement à Xixón et Llanera, organisé par Soldepaz-Pachakuti. Elle a évoqué la relation complexe entre le gouvernement de Javier Milei et les médias, ainsi que les défis auxquels font face les médias communautaires.

La relation de Milei avec les médias

Javier Milei a mis en place une stratégie de communication claire depuis le début de sa campagne électorale. Il se montre très actif sur les réseaux sociaux tout en établissant des alliances avec quelques médias de masse. Son discours met en avant les réseaux comme étant la vraie source d’information, en opposition à des médias qu’il qualifie de corrompus. Les journalistes qui critiquent son gouvernement, même ceux de droite, sont souvent taxés d’être « achetables ». Il mène des campagnes diffamatoires sur les réseaux contre les journalistes critiques, parfois en retweetant des messages violents émanant de comptes anonymes. Parallèlement, certains journalistes se voient refuser l’accréditation pour assister aux conférences de presse à la Casa Rosada, tandis que des influenceurs favorables au gouvernement bénéficient d’un traitement de faveur.

Les médias publics en jeu

Le projet de Milei inclut la réduction et la centralisation des médias publics, qu’il appelle une « réorganisation ». Il a fermé du jour au lendemain une agence de presse d’État, qui avait 75 ans d’existence et fournissait des informations à de nombreux médias à travers le pays. De plus, les radios publiques des 23 provinces souffrent de coupes budgétaires, devenant de plus en plus dépendantes de ce qui leur parvient de Buenos Aires. Par exemple, après une forte neige dans le sud du pays, il n’y avait pas de service d’information pour relater les événements. Les annonces publiques et la publicité institutionnelle, qui servaient à financer de nombreux petits médias, ont également été supprimées.

Le cas du Groupe Clarín

Historiquement, le Groupe Clarín a été un adversaire redoutable pour le péronisme durant les gouvernements progressistes des Kirchner. Aujourd’hui, sa relation avec Milei est ambivalente. Clarín soutient des journalistes pro-Milei tout en restant critique à l’égard des Kirchner. Toutefois, il permet également des voix critiques, notamment féminines. Milei, bien que pas en conflit ouvert avec Clarín, semble privilégier La Nación.

Les défis des médias commerciaux

Les médias commerciaux, qu’ils soient de droite ou de gauche, rencontrent une crise majeure. La précarité est généralisée et le pluri-emploi des journalistes devient la norme. Les médias peinent de plus en plus à se maintenir à flot, d’autant plus que le gouvernement a réduit le financement des médias critiques, menant à une concentration accrue des voix dans le paysage médiatique.

Le rôle des médias communautaires

Les médias communautaires, alternatifs ou populaires jouent un rôle crucial malgré un contexte souvent défavorable. Avant 2009, les entités à but non lucratif n’étaient pas autorisées à gérer des radios ou des chaînes de télévision. Ce n’est qu’à partir de cette date que la loi a reconnu ces médias et a permis l’octroi d’aides publiques, un soutien qui a été ensuite diminué sous le gouvernement de Milei.

Radio communautaire En Tránsito FM

FM En Tránsito

FM En Tránsito est une radio coopérative active depuis plus de 30 ans dans la province de Buenos Aires. Avec une équipe de 16 travailleurs et un collectif de 50 personnes engagées, elle soutient ses activités grâce à la publicité et à des aides. La radio produit également divers contenus tels que des cours, des programmes musicaux, du théâtre et des vidéos. Elle fait partie de la Confédération Nationale des Médias Coopératifs, incluant Tiempo Argentino, un média récupéré par ses travailleurs. FM En Tránsito émet 24 heures sur 24 et collabore avec des radios universitaires et communautaires.

Activités de la radio communautaire

Formation et qualité de communication

FM En Tránsito a été fondée en 1986 par un groupe de journalistes. Son travail inclut la formation de paysans et d’ouvriers pour développer leurs propres radios et projets de communication, tout en veillant à ce qu’ils soient attractifs et de qualité technique. De nombreux ateliers de formation sont organisés pour permettre aux individus d’apprendre à communiquer efficacement.

Adaptation face à la montée des réseaux sociaux

Les médias traditionnels doivent repenser leur approche face à la popularité croissante des réseaux sociaux. Les jeunes écoutent moins la radio que les générations précédentes, ce qui pousse les médias à explorer des stratégies via l’audiovisuel et les réseaux. Des festivals artistiques, des événements en rue et des programmes de radio en extérieur sont également mis en place pour engager le public. La radio communautaire continue de valoriser les interactions humaines et le dialogue direct.

Futur de l’opposition à Milei

Le mouvement populaire en Argentine, comme on l’appelle, effectue une introspection suite à la défaite face à Milei. De plus en plus de femmes jeunes appellent à une profonde réforme des organisations sociales et politiques pour les rendre plus démocratiques et moins hiérarchiques. Il existe un potentiel social et organisationnel important, soutenant dans les quartiers les plus pauvres ceux qui n’ont pas même de quoi se nourrir.

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