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Un portrait élisabéthain méconnu, datant des années 1580, a été redécouvert après avoir été négligé pendant des siècles dans une collection privée. Cette œuvre, réalisée par Nicholas Hilliard, le peintre officiel de la reine Elizabeth I, a suscité l’enthousiasme des experts en art, surtout à l’heure où les romans et les productions sur la période Tudor, tels que « Wolf Hall » de Hilary Mantel, captivent à nouveau l’attention du public.
Une découverte précieuse
Mesurant 58 mm de hauteur, ce portrait ovale peut tenir dans la paume de la main. Daté d’environ 1585, il représente une jeune femme richement vêtue, identifiée comme étant Elizabeth, Lady Leighton, l’une des dames d’honneur de la reine Elizabeth I, qui avait conquis le cœur de Sir Walter Raleigh.
Hilliard, considéré comme l’un des grands peintres de la Renaissance anglaise, a été nommé limner officiel de la reine, créant de nombreux portraits d’elle et des membres de sa cour. Ses miniatures sont parmi les chefs-d’œuvre les plus recherchés de l’art européen.
Des experts à l’œuvre
Les chercheurs Emma Rutherford et Elizabeth Goldring, après avoir étudié le portrait, ont exprimé leur excitation face à la découverte de cette œuvre en si bon état et totalement inconnue, retrouvée dans une collection privée en Irlande. Rutherford a déclaré : « C’est un portrait merveilleux, l’un des plus complexes de Hilliard en termes de costume et de détail. » Elle a ajouté que l’artiste avait suggéré que l’un des moyens d’obtenir un bon portrait était de flirter avec le modèle.
Un lien possible avec Raleigh
Une question demeure : ce portrait était-il un cadeau destiné à Sir Walter Raleigh, qui nourrissait une grande affection pour Lady Leighton ? Goldring, auteur d’une biographie primée de Hilliard, a exprimé son intérêt pour cette possibilité, notant que Raleigh avait écrit des poèmes d’amour à son intention. Elle a mentionné que le poème « A Poem put into my Lady Laitons Pocket » atteste de son admiration.
Ce poème commence par ces vers : « Lady farewell whome I in silence serve/Woulde god thou knewest the depth of my desire … ». Goldring a émis l’hypothèse que ce miniature aurait pu être un présent pour Raleigh, à glisser dans sa poche, en retour pour ce poème.
Un héritage familial
Lady Leighton, née Knollys, dont la mère était la nièce d’Anne Boleyn, était dame de la chambre privée de la reine, s’occupant de ses besoins personnels, comme la préparation de ses vêtements. En 1578, elle épousa Sir Thomas Leighton, un soldat et diplomate.
Dans ce portrait, elle porte une robe de cour élaborée, ornée de nœuds blancs et de bijoux en or et en diamants, avec un grand « ruff » en forme de roue et une coiffe en plumes, ainsi qu’une perle dans ses cheveux auburn bouclés.
Une ressemblance troublante
Goldring a noté que la silhouette du portrait pourrait facilement être confondue avec celle de la reine Elizabeth I. En effet, une note du XVIIIe siècle au dos du portrait mentionne : « Ce portrait de la reine Elizabeth est fait de la vie par soit le vieux Hilliard soit le vieux Isaac Oliver [ancien élève de Hilliard]. » Cependant, Goldring et Rutherford ont contesté cette ressemblance en soulignant que le visage est plus jeune et que les vêtements, bien que raffinés, ne sont pas aussi opulents que ceux typiquement associés aux portraits d’Elizabeth I.
Exposition à Londres
Les propriétaires anonymes ont découvert le portrait dans une vieille boîte à bijoux après avoir lu un article de Rutherford et Goldring sur une autre miniature. Rutherford, représentant de la Limner Company à Londres, exposera cette œuvre lors de la London Art Week à partir du lundi 2 décembre, avec une estimation de prix autour de 120 000 euros.
Elle a précisé : « Ce sera la première fois qu’il sera vu en public – jamais auparavant. »