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Italie et Afrique du Nord : Partenariats en Energies Renouvelables
Rome a intensifié son intérêt pour le développement de partenariats dans le domaine des énergies renouvelables avec les pays d’Afrique du Nord, en particulier depuis l’annonce du plan « Mati » en janvier dernier. Ce plan vise à soutenir le continent africain dans ses projets de développement, avec un accent particulier sur le Maghreb, notamment la Tunisie, grâce à la proximité géographique et à l’expertise accumulée dans les énergies alternatives, en particulier au Maroc.
Le Plan « Mati »
Le plan « Mati » tire son nom d’Enrico Mattei, le fondateur du groupe énergétique italien ENI, qui, dans les années 1950, avait appelé à un soutien italien aux gouvernements d’Afrique du Nord pour développer leurs ressources naturelles. Le choix du Maroc comme partenaire privilégié a été confirmé lors du Forum de la croissance verte africaine, qui s’est tenu le mois dernier à Rimini, où il a été souligné que le Maroc a fait des efforts considérables pour promouvoir les énergies renouvelables sur la rive sud de la Méditerranée, notamment par la création d’un centre d’excellence pour la formation dans ce domaine.
Des Partenariats Anciens avec le Maroc
Les collaborations entre l’Italie et le Maroc dans le secteur des énergies renouvelables remontent à plusieurs années. L’une des initiatives les plus notables a eu lieu en 2018, lorsque le groupe italien Enel Green Power (qui est majoritairement détenu par l’État) a signé un partenariat avec la société marocaine Nareva Holding dans le cadre d’un appel d’offres international, visant à produire 850 mégawatts d’énergie éolienne.
Enel a construit des parcs éoliens en collaboration avec Nareva dans plusieurs régions, notamment à Midelt, Essaouira, et Laayoune, sous l’égide de l’Office National de l’Électricité du Maroc et de l’Agence Marocaine de l’Énergie Durable (Masen).
Accords de Recherche et de Développement
En 2019, un autre accord de partenariat a été signé entre Enel et l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles, axé sur des activités de recherche et développement concernant les technologies renouvelables, notamment l’énergie solaire, l’hydroélectrique, et l’énergie éolienne.
Ce partenariat vise à établir un centre de formation au Maroc sur les énergies renouvelables, l’infrastructure électrique et l’efficacité énergétique, conformément au plan « Mati ». Ce centre est soutenu par les gouvernements italien et marocain dans le cadre des politiques de l’Union européenne et de la coopération ouverte avec le continent africain.
Perspectives en Algérie et en Tunisie
Les entreprises italiennes, telles qu’Enel, montrent également un vif intérêt pour les potentialités de l’Algérie dans les énergies alternatives, notamment à travers le projet « Medlink », qui consiste à installer des panneaux solaires dans le désert algérien et tunisien pour fournir de l’électricité aux régions de Toscane et de Ligurie en Italie.
De plus, des collaborations sont en cours avec la Tunisie pour développer l’énergie éolienne, l’énergie solaire et l’hydrogène vert, en alignant les efforts avec la stratégie énergétique tunisienne pour 2030.
Collaboration avec l’Égypte et la Libye
En Égypte, la coopération en matière d’énergies renouvelables avec l’Italie est en phase de développement. Cela a été discuté lors d’une réunion entre le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi et Claudio Descalzi, directeur du groupe Eni, où les avancées en matière d’efficacité énergétique ont été présentées.
Concernant la Libye, des entreprises italiennes, comme Eni, montrent un intérêt croissant pour les énergies renouvelables, bien que des projets majeurs n’aient pas encore vu le jour en raison de la situation sécuritaire instable.
Perspectives sur les Partenariats
Les partenariats entre l’Italie et les pays d’Afrique du Nord dans le domaine des énergies renouvelables suscitent des analyses variées. Selon Abdel Ali Tahiri, expert en énergies renouvelables, le choix du Maroc pour la première collaboration est justifié par sa position de leader en matière de transition énergétique en Afrique. Cela s’inscrit également dans un cadre de coopération européenne visant à favoriser le développement économique et à réduire la pression migratoire.
Silvia Troiani, universitaire en relations internationales, souligne que le financement italien des projets énergétiques pourrait contribuer à des enjeux de sécurité régionale, notamment en limitant les migrations illégales.