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Reconstruction de la vieille ville de Hébron face aux menaces de déplacement

by Sara
Palestine

Reconstruction de la vieille ville de Hébron face aux menaces de déplacement

Dans les ruelles où les pierres évoquent une identité arabe et islamique, et où flotte le parfum de l’histoire, les habitants de la ville de Hébron, située au sud de la Cisjordanie, luttent pour préserver leur existence face à une guerre complexe visant leur présence dans l’une des villes les plus anciennes et importantes de Palestine.

Un effort collectif face à l’occupation

Dans la vieille ville, où se côtoient des bâtiments ottomans, mamélouks et ayyoubides, les efforts officiels se conjuguent à la volonté des habitants pour résister aux politiques de pression à l’expulsion imposées par l’occupation. Cela inclut la fourniture de logements et de moyens de subsistance décents, en particulier pour les jeunes couples.

La réhabilitation des maisons anciennes

La Commission de Reconstruction de Hébron, un organe gouvernemental, s’occupe de la restauration et de la réhabilitation des maisons anciennes de la ville, abandonnées par leurs propriétaires pour diverses raisons, principalement dues aux pressions de l’occupation. Cette initiative vise à attirer de nouveaux habitants, qui ne sont pas nécessairement les propriétaires d’origine, pour maintenir et renforcer la présence palestinienne au cœur de la ville face à la colonisation et aux politiques de judaïsation.

Plus de 700 colons israéliens se répartissent dans des poches de peuplement à travers environ un kilomètre carré au cœur d’Hébron, entourés de mesures strictes telles que des barrières militaires, des caméras, des tours de surveillance et des barbelés dans le cadre d’une politique de judaïsation déclarée de la région.

Maison récemment restaurée habitée par la famille de Jamil Omar.

Un foyer restauré malgré les défis

Jamil Omar, un jeune de 26 ans, est né dans le quartier de As-Sawakna de la vieille ville. Marié depuis environ un an avec une fille, il partage un foyer avec sa famille élargie de 12 individus. Il a récemment emménagé dans une maison restaurée par la Commission de Reconstruction, qu’il a reçue il y a six mois, et il y vit avec sa nouvelle famille, malgré les défis persistants.

Jamil décrit son logement comme composé de quatre chambres, d’une salle de bains et d’une cuisine, construit dans un style ancien et rénové par des ingénieurs spécialisés. Il exprime sa fierté d’être le gardien de cette maison, considérant cela comme une responsabilité de préserver le patrimoine et l’identité, tout en faisant face aux pressions et aux agressions des colons et de l’occupant.

Les défis quotidiens des habitants

Il explique que les harcèlements des colons sont quotidiens et se sont intensifiés après la guerre de Gaza du 7 octobre 2023, avec des fouilles de téléphones, de voitures, et des intrusions nocturnes dans les maisons. « La situation à Hébron est difficile et constitue une forme de pression pour un déplacement volontaire. Les harcèlements visent à nous expulser de la région, mais notre volonté de rester est plus forte que la politique d’expulsion », déclare-t-il.

Travaux de restauration d'une maison ancienne dans la vieille ville d'Hébron.

Des efforts de réhabilitation continue

Pour contrer cette réalité, le directeur technique de la Commission de Reconstruction, Ziad Jaber, déclare que la mission de la commission est de réhabiliter les bâtiments et les infrastructures de la vieille ville, d’accueillir les citoyens et de contenir la colonisation. La commission a réussi à réhabiliter environ 1629 logements, permettant à près de 11 600 personnes de revenir vivre dans la vieille ville.

Cependant, les travaux de reconstruction ne sont pas menés simplement. L’occupation impose des obstacles, interrompant parfois le processus de rénovation, que ce soit sous prétexte de sécurité ou d’autres justifications.

Un financement précaire

La commission dépend du soutien de l’Autorité palestinienne, de fonds arabes et islamiques, ainsi que d’entités européennes pour financer ses projets. Cependant, la situation financière actuelle est préoccupante, surtout avec l’arrêt du soutien de nombreux donateurs et la crise financière que traverse l’Autorité palestinienne.

Rues rénovées dans la vieille ville d'Hébron.

Contexte politique complexe

Le contexte politique dans la vieille ville, aggravé par les événements du 7 octobre, est complexe, avec un renforcement des fermetures et des politiques de déplacement. Cela inclut l’interdiction de la prière dans le site du Tombeau des Patriarches, ainsi que l’arrêt des travaux de restauration dans ce lieu et ailleurs.

Face à cette situation difficile, la Commission de Reconstruction continue son travail pour préserver la vieille ville, en cherchant à réhabiliter davantage de bâtiments historiques et à attirer de nouveaux habitants tout en explorant constamment des alternatives et des solutions.

Un système de séparation

Les efforts de la commission n’incluent pas une zone fermée de « H2 », soumise à des barrages, où vivent environ 750 familles palestiniennes. L’organisation israélienne B’Tselem souligne que les autorités d’occupation appliquent un système de séparation évident et brutal au cœur d’Hébron, établissant une distinction physique et juridique entre les colons et les Palestiniens.

Ce système impose des restrictions sévères aux mouvements des Palestiniens, tant pour les conducteurs que pour les piétons, y compris la fermeture de rues principales, tandis que les colons circulent librement. En outre, des ordres de fermeture ont été émis pour des centaines de commerces palestiniens dans cette région.

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