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Le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, fait face à une procédure de destitution après avoir envoyé des forces armées dans les rues de Séoul, suite à une déclaration de loi martiale surprenante et soudaine, mardi dernier. Ce mouvement a rappelé des souvenirs de dictatures passées dans le pays, incitant des milliers de personnes à descendre dans la rue pour protester, tandis que l’armée semblait impuissante ou réticente à intervenir.
Une réaction rapide de l’opposition
Les partis d’opposition ont soumis une motion de destitution quelques heures après que le parlement a voté à l’unanimité pour annuler la déclaration de Yoon, le forçant à lever la loi martiale seulement six heures après son entrée en vigueur. Pour destituer Yoon, il faut le soutien des deux tiers de l’assemblée nationale et au moins six des neuf juges de la cour constitutionnelle. Le parti démocrate d’opposition, qui est libéral, détient une majorité au parlement de 300 sièges et a appelé à la démission de Yoon. Un vote sur sa destitution pourrait avoir lieu dès demain.
Mesure ‘irrationnelle et antidémocratique’
Durant les heures tendues de la loi martiale, des forces armées lourdement équipées ont encerclé le parlement, soutenues par des hélicoptères militaires et des véhicules blindés. Les législateurs ont escaladé des murs pour entrer dans le bâtiment et ont repoussé les troupes en activant des extincteurs. La politicienne et ancienne présentatrice Ahn Gwi-ryeong a tenté de retirer une arme d’assaut à un soldat qui la pointait, criant : « N’avez-vous pas honte ? »
Les législateurs qui ont réussi à réintégrer le bâtiment ont rejeté la déclaration de loi martiale de Yoon par 190 voix contre 0, y compris 18 membres de son propre parti, forçant Yoon à annuler cette déclaration lors d’une réunion de cabinet convoquée à la hâte.
Un complot ‘anti-étatique’
Yoon a ordonné la loi martiale sans avertissement lors d’un discours tardif, promettant d’éliminer les forces « anti-étatiques » qu’il accusait de comploter une rébellion, et a accusé les principaux partis d’opposition de soutenir le rival du pays, la Corée du Nord. Il n’a présenté aucune preuve directe pour étayer ses allégations concernant la Corée du Nord comme force déstabilisatrice.
Qu’est-ce que la loi martiale ?
La constitution sud-coréenne donne au président le pouvoir d’utiliser l’armée pour maintenir l’ordre en cas de « guerre, situations de guerre ou autres états d’urgence nationale comparables ». Cela peut inclure la suspension des droits civils, comme la liberté de la presse et de réunion, et la limitation temporaire des pouvoirs des tribunaux et des agences gouvernementales. Cependant, cela permet également à l’assemblée nationale de lever la déclaration par un vote majoritaire.
Certains experts estiment que la manière dont Yoon a imposé la loi martiale dépasse largement ses pouvoirs légitimes. La constitution, tout en conférant un large pouvoir aux présidents, ne leur permet pas d’utiliser l’armée pour suspendre le parlement.
Une opposition unie
Le parti démocrate a condamné les actions de Yoon comme antidémocratiques. Le leader de l’opposition, Lee Jae-myung, qui a perdu de justesse face à Yoon lors des élections présidentielles de 2022, a qualifié l’annonce de Yoon de « illégale et inconstitutionnelle ». La déclaration soudaine a également été critiquée par le leader du propre parti conservateur de Yoon, Han Dong-hoon, qui a qualifié la décision de mauvaise et a juré de « l’arrêter avec le peuple ».
« Le peuple bloquera l’étape anticonstitutionnelle du président. L’armée doit être du côté du public dans tous les cas. Opposons-nous résolument à cela », a écrit Kim Dong-yeon, gouverneur du parti d’opposition de la province de Gyeonggi, qui entoure Séoul, sur X. Pendant ce temps, la plupart des Sud-Coréens sont restés choqués, avec les réseaux sociaux inondés de messages d’étonnement et d’inquiétude, et des milliers de personnes se rassemblant dans les rues pour protester.
Pourquoi maintenant ?
Des allégations soutiennent que la déclaration d’urgence était liée aux luttes politiques de Yoon. Il a eu peu de succès à faire adopter ses politiques par un parlement dominé par l’opposition depuis son arrivée au pouvoir en 2022. Les conservateurs affirment que l’opposition prend sa revanche politique pour les enquêtes sur leur propre leader, Lee, qui est considéré comme le favori pour les prochaines élections présidentielles de 2027.
Échos de l’histoire
La Corée du Sud n’est devenue une démocratie qu’à la fin des années 1980, et l’intervention militaire dans les affaires civiles reste un souvenir très présent. Les dictateurs qui ont émergé alors que le pays se reconstruisait après la guerre de Corée de 1950-1953 ont parfois proclamé la loi martiale, permettant le déploiement de soldats de combat, de chars et de véhicules blindés dans les rues pour empêcher les manifestations anti-gouvernementales. Bien que ces scènes soient encore récentes, elles semblent inimaginables pour de nombreux jeunes Sud-Coréens d’aujourd’hui.
Quel avenir ?
La pression politique sur Yoon s’est intensifiée après cette déclaration choc de la nuit. Le parti démocrate a exigé que Yoon démissionne, l’accusant d’« insurrection » ; le principal syndicat du pays a également appelé à une « grève générale indéfinie » jusqu’à sa démission en raison de cette « mesure irrationnelle et antidémocratique ». De plus, aucun soutien ne vient de son propre parti, le People Power, qui a décrit sa tentative d’imposer la loi martiale comme « tragique » et a exigé que les personnes impliquées soient tenues responsables.