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La dernière adaptation de l’œuvre emblématique de Charles Dickens, « Un chant de Noël », se distingue par sa fidélité au texte tout en mettant en avant une atmosphère austère. La mise en scène de Tom Bellerby, avec un décor astucieux de Jess Curtis, nous plonge dans un environnement londonien sombre et étroit, où le bureau d’Ebenezer Scrooge est à la fois minuscule et oppressant.
Un décor claustrophobique
Le décor de Curtis présente trois maisons londoniennes, fines, hautes et grises, évoquant la suie et l’ardoise. Ces constructions tournent pour dévoiler des intérieurs exiguës alors que Scrooge (interprété par Gareth Williams) gravit les marches, passant à côté de Bob Cratchit (Oliver Mawdsley), assis à un étroit bureau de comptabilité. Ce choix scénique contribue à rendre une grande scène étriquée.
De plus, l’éclairage parcimonieux d’Adam Foley accentue cet effet, maintenant rarement la température des couleurs au-dessus du sépia. La meilleure scène, teintée d’orange, apporte un peu de chaleur, tandis que la représentation de Scrooge se veut celle d’un avare en temps difficiles, où même les bougies sont perçues comme un luxe.
Une adaptation sans humour
Il n’y a rien de particulièrement surprenant dans la mise en scène de Bellerby ou dans l’adaptation de Mike Kenny, qui choisissent de ne pas alléger l’austérité avec de l’humour ou d’interagir avec le public. Bien que quelques moments de légèreté auraient été appréciables, leur approche consiste à faire confiance à ce récit intemporel et à le jouer de manière directe, captivant ainsi l’audience.
La musique comme contrepoint
Bellerby prend le titre de Dickens au pied de la lettre en intégrant des chants d’harmonie. Le directeur musical Sonum Batra enrichit la distribution avec des guitares, accordéons, violons et tubas, créant un contrepoint communautaire à l’individualisme centré sur l’argent de Scrooge. La saison est à la joie, sauf pour Scrooge lui-même, qui semble apprécier les scènes de danse folklorique ; les meilleurs plaisirs viennent sans frais.
Un Scrooge cynique mais touchant
Williams incarne un Scrooge hirsute, bourru et émotionnellement inarticulé. Sa leçon se déroule à travers une série de vignettes effrayantes, notamment celles des corps se tordant pour sortir d’une tombe qu’il frôle. Il observe avec la bouche grande ouverte avant de revenir, rajeuni et plein de bonne humeur.
Cette production, bien que riche en détails et en vie musicale, manque néanmoins d’impact émotionnel. Le pathos de l’histoire de Tiny Tim est sous-exploité, laissant entendre que le jeune garçon n’est qu’un peu enrhumé.
Une expérience théâtrale captivante
Dans l’ensemble, l’adaptation de « Un chant de Noël » s’avère être une production soignée et absorbante, qui saura ravir les amateurs de théâtre, même si elle peine à susciter des émotions intenses. Les performances et la direction artistique s’harmonisent pour offrir une vision fidèle de cette histoire classique, tout en conservant une ambiance sombre et austère.
Cette adaptation est à découvrir au Derby Theatre jusqu’au 4 janvier.