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Rencontre avec le romancier syrien Khalil Al-Naimi à Paris
Ce dialogue met en lumière le romancier et chirurgien syrien Khalil Al-Naimi, né dans la steppe du Levant. Il a grandi en se déplaçant avec sa tribu dans les plaines de la Syrie orientale. Son entrée à l’école n’a été que le fruit du hasard, lorsque la caravane de son père s’est arrêtée dans un village où, grâce à un chef local, son père a accepté de le laisser apprendre avec les enfants du village. Cet événement a marqué un tournant décisif dans la vie personnelle et professionnelle de Khalil Al-Naimi, le propulsant de la vie nomade à celle d’un des meilleurs chirurgiens des hôpitaux français.
Multiples talents et passions
Les talents de Khalil Al-Naimi s’étendent au-delà de la chirurgie. En plus de son rôle de médecin dans les hôpitaux parisiens, il est également écrivain de romans et critique, ainsi qu’un voyageur aguerri, ayant écrit des récits uniques capturant ses observations. Il a visité de nombreux pays à travers les quatre continents, notamment des villes de la Route de la Soie, telles que Samarcande et Boukhara.
Une enfance formatrice
La ville d’Al-Hasakah, dans le nord-est de la Syrie, où il a poursuivi ses études secondaires, représente une étape cruciale dans sa formation personnelle, tout comme Damas, qu’il a découverte en provenance de la steppe. Khalil Al-Naimi déclare :
« De l’île syrienne et de sa steppe, à Damas, c’est la raison principale qui a transformé ma conscience. »
Un engagement dans la vie politique
À l’université de Damas, Khalil Al-Naimi a étudié la médecine et la philosophie, tout en découvrant la vie politique de son pays. Il a publié un recueil de poésie intitulé « Images des réactions d’un individu du tiers monde », qui a été censuré, le poussant à se tourner vers l’écriture de romans. Il explique que
« La censure de mon recueil a été un catalyseur pour me diriger vers le roman. »
Après avoir quitté Damas pour Beyrouth, puis Paris dans les années 1970, il a poursuivi ses études en philosophie politique contemporaine à la Sorbonne.
Une relation profonde avec la langue arabe
Bien qu’il vive en France depuis des décennies, il affirme :
« Ma relation avec la langue arabe est existentielle. Je ne serais pas ‘moi’ si j’écrivais dans une autre langue. »
Le lien de Khalil Al-Naimi avec le monde arabe est indissociable de sa langue maternelle. Il considère l’arabe comme son identité et son histoire personnelle.
La nostalgie de la vie nomade
Évoquant sa nostalgie pour ses racines nomades, il déclare :
« Nous ne remplaçons pas un lieu par un autre, mais une pensée par une autre. »
Khalil Al-Naimi aborde le rapport au lieu avec un regard unique, affirmant que son œuvre littéraire reflète son amour pour les espaces et leurs histoires.
Un auteur aux inspirations diverses
Khalil Al-Naimi a un style narratif distinctif, passionné par le lieu et ses récits. Ses œuvres incluent des romans comme « La dérobée » (1990), « La rupture » (1992), « L’homme qui se mange » (1994), et son dernier roman, « Fleur de coton » (2022). Il a également exploré des thèmes de voyage dans des ouvrages tels que « L’imaginaire des lieux » (2003) et « Le livre de l’Inde » (2004).
Réflexions sur l’écriture et la culture
Khalil Al-Naimi décrit son rapport à la culture arabe et à la littérature française. Il déclare :
« Mon arabilité s’est enrichie de la culture française. »
Il insiste sur l’importance de la langue arabe dans son écriture, tout en reconnaissant l’influence positive de sa vie en France.
Une vision critique et engagée
Dans son dernier roman, Al-Naimi aborde des thèmes de mémoire et d’identité. Selon lui,
« L’écriture est un acte d’analyse et de critique, pas de prévision. »
Il souligne que l’auteur vrai ne cherche pas à prédire l’avenir, mais à explorer et à contester le présent.
Conclusion de l’entretien
Cette rencontre avec Khalil Al-Naimi nous offre un aperçu précieux de sa vie, de son parcours littéraire et de ses réflexions sur l’art d’écrire, la culture, et l’identité. Son engagement envers ses racines et sa passion pour les mots continuent d’inspirer ses lecteurs à travers le monde.