Depuis 2016, une souche de choléra a causé de nombreuses épidémies dans une région s’étendant de l’Afrique de l’Est au Moyen-Orient, notamment au Zimbabwe, au Yémen, au Liban, au Kenya, en Tanzanie, aux Comores et à Mayotte. Dans une étude publiée dans *The New England Journal of Medicine* le 11 décembre, des chercheurs de l’Institut Pasteur ont retracé le parcours de cette souche, soulignant une résurgence alarmante du choléra provoqué par la bactérie *Vibrio cholerae*. Ils rappellent que *« la souche AFR13 7PET (…) a probablement contribué à l’augmentation des notifications de choléra dans ces pays »*.
État des lieux à Mayotte
À Mayotte, aucun nouveau cas n’a été signalé depuis le 8 juillet, l’épidémie étant considérée comme terminée avec un bilan de 221 cas et sept décès. Cependant, des cas ont de nouveau été détectés sur l’île de Grande-Comores, où plus d’une centaine de personnes ont été touchées. Cela *« augmente le risque de réintroduction de la maladie sur le territoire »*, selon Santé publique France, dans son bulletin du 14 octobre.
Risque de nouvelles résistances
Cette souche de choléra se distingue par sa résistance accrue à plusieurs antibiotiques, conséquence d’une vaste épidémie qui a fait deux millions de cas au Yémen entre 2016 et 2021. Cette résistance est liée à l’acquisition d’un nouveau plasmide, une petite molécule d’ADN distincte qui peut muter indépendamment de l’ADN chromosomique de la bactérie.
Actuellement, deux des trois antibiotiques recommandés par l’Organisation mondiale de la santé pour traiter le choléra, à savoir l’azithromycine et la ciprofloxacine, ne sont plus efficaces contre cette souche. Seule la tétracycline demeure un traitement viable. François-Xavier Weill, responsable de l’unité des bactéries pathogènes de l’Institut Pasteur, avertit : *« Cette souche est maintenant très répandue et risque de développer encore de nouvelles résistances, notamment s’il y a une forte pression exercée par l’utilisation massive de tétracycline »*.