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Maïspace : le nouveau challenger européen de SpaceX
Dans une forêt isolée près de la ville de Vernon, dans le nord de la France, la société Maïspace, filiale du groupe aéronautique géant Arianespace, mène des efforts pour développer une fusée réutilisable afin de rivaliser avec SpaceX, la société de l’entrepreneur américain Elon Musk.
Créée il y a seulement deux ans, Maïspace vise à lancer la première fusée européenne partiellement réutilisable d’ici 2026. Cette initiative répond à la demande croissante de lancements de satellites commerciaux, en particulier au sein de l’Union européenne.
Ce tournant vers la réutilisation des fusées fait suite à une décennie de critiques concernant la décision de l’Agence spatiale européenne de développer la fusée Ariane 6 sans technologie de réutilisation. Des experts de l’industrie qualifient Ariane 6 d’obsolète, même avant son lancement commercial prévu pour l’année prochaine.
Un design ambitieux
Maïspace prévoit de construire une fusée de taille moyenne à deux étages, dont la première étape pourra être récupérée sur une barge située en Guyane française, au nord du continent sud-américain. Cette fusée sera conçue pour être utilisée environ cinq fois, représentant un défi direct pour le Falcon 9 de SpaceX ainsi que pour le New Shepard de Blue Origin.
La capacité de charge de la fusée variera de 0,5 à 4 tonnes, selon le niveau d’orbite, la charge utile, et si la première étape a déjà été réutilisée. Une étape supplémentaire connue sous le nom de « stade de propulsion supplémentaire » peut également être ajoutée pour améliorer les performances et fournir plus de flexibilité pour diverses missions.
Le Falcon 9 est actuellement la fusée la plus réussie de l’histoire des industries spatiales, affichant un taux de réussite de 99,2 % avec un total de 374 missions spatiales réalisées en 14 ans.
Défis à relever
Malgré ses grandes ambitions, Maïspace fait face à de nombreux défis. Son équipe de 230 ingénieurs travaille dans une installation hautement sécurisée, héritée du programme français de développement des industries spatiales et balistiques de l’ère de la guerre froide. L’une des principales difficultés réside dans la séparation de la première étape de la fusée trop tôt lors du vol à travers l’atmosphère terrestre plutôt que dans l’espace, afin de protéger la fusée lors de son retour sur Terre face aux turbulences atmosphériques.
Maïspace s’attaque à ce problème en utilisant un prototype connu sous le nom de « stade intermédiaire », qui sera testé à l’aide d’un cylindre en acier fixé sous d’énormes griffes rouges pour simuler les forces dynamiques agissant sur la fusée.
Parallèlement, Maïspace doit également faire face à une forte concurrence d’autres entreprises, telles que Rocket Factory Augsburg en Allemagne, qui développe également une fusée partiellement réutilisable appelée RFA ONE, bien que la société allemande ait subi un revers avec l’explosion de son moteur de fusée plus tôt cette année.
Les défis financiers constituent également un obstacle supplémentaire. À ce jour, la société a obtenu un financement de 125 millions d’euros de la part d’Airbus et de Safran, avec des projets de recherche d’un nouveau tour de financement l’année prochaine.