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Syrie souffre de l’héritage du régime Assad, marqué par le trafic de drogue, la torture et la disparition de nombreuses personnes. La communauté internationale est confrontée à un défi majeur.
Le trafic de drogue : un héritage amer
Le régime d’Assad a utilisé le « Captagon », surnommé le « cocaïne des pauvres », pour non seulement engranger des milliards d’euros, mais aussi pour alimenter la guerre et la dépendance dans tout le Moyen-Orient, mettant d’autres États arabes sous pression. De plus en plus de sites de production, protégés militairement, sont découverts. Alors que la production de drogues prospérait, le régime a réagi par une violence brutale contre sa propre population. De nombreuses personnes ont disparu sans laisser de trace, et à Damas, des affiches de disparus – fils, pères, grands-pères – sont accrochées dans les rues.
Saleh Mizaal al-Zaal, un proche de l’un des disparus, a appelé la communauté internationale à enquêter sur le sort de ces personnes : « Il n’y a pas de corps, pas de noms, pas de données, rien. »
Des témoignages de torture
Yusef Rahmi, ancien détenu, souhaite aider les familles à retrouver leurs proches. Après six ans de torture, il a enfin retrouvé la lumière du jour, ayant été emprisonné pour avoir fui le service militaire. Les méthodes de torture qu’il décrit à la journaliste Golineh Atai sont insoutenables.
« Les agents de ce système étaient comme des chiens enragés, prenant plaisir à nous tuer de manière créative avec les moyens les plus horribles, comme une overdose d’aspirine ou l’injection d’air ou de diesel dans les veines, » raconte-t-il.
Rahmi déclare qu’il quitterait la Syrie si les responsables de ces atrocités ne sont pas traduits en justice.
Appel à la justice transitionnelle
Selon l’expert en Moyen-Orient, Daniel Gerlach, plusieurs officiers supérieurs des services de renseignement ont fui à l’étranger, certains vers la Russie, d’autres vers l’est de la Libye, l’Iran ou peut-être le Liban. Tous sont recherchés. Une question cruciale se pose : que faire des nombreux acteurs considérés comme de « petites roues » dans le système ? Gerlach plaide pour une justice transitionnelle qui vise la justice sans rechercher la vengeance.
Il est impératif que la communauté internationale pousse pour une poursuite juste mais prudente qui soutienne la reconstruction de la Syrie sans saper davantage la confiance déjà fragile de la population.
La question des sanctions
La diplomatie internationale fait face à un défi épineux. Au milieu des tensions géopolitiques persistantes, la nécessité de réévaluer les sanctions contre le régime d’Assad est souvent soulignée. Certains membres du gouvernement intérimaire demandent la levée des sanctions, arguant que leur base n’est plus valable. Cependant, Gerlach précise que ce n’est pas tout à fait exact, car non seulement le régime d’Assad était visé, mais aussi la milice qui détient effectivement le pouvoir à Damas.
Les États européens adoptent des approches variées : certains ont ouvert leurs consulats, mais restent prudents, notamment en ce qui concerne les photos avec des représentants du gouvernement. Ils ne souhaitent pas normaliser les relations sans conditions, étant donné les nombreuses questions et le méfiance qui persistent.
Un avenir incertain pour la Syrie
Daniel Gerlach note que « personne ne sait exactement où cela va mener ». Toutefois, il est crucial que les États européens offrent rapidement leur soutien pour établir un gouvernement fonctionnel, sans s’immiscer trop dans le processus.
Il est essentiel de conserver les institutions étatiques et de renforcer la responsabilité des populations dans les provinces et les villes. Dans ces régions, les habitants font davantage confiance à ceux qu’ils connaissent plutôt qu’aux autorités de Damas. Si les tentatives de contrôle sont centralisées à partir de la capitale, cela risque de répéter les erreurs du régime Assad, avec un risque de résistance croissante dans tout le pays.