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La bulle progressiste semble de plus en plus s’enfermer dans sa propre sphère idéologique. Ce repli, loin d’être une manifestation d’arrogance, résulte d’un sentiment d’impuissance et de frustration, selon le journaliste Marijn Kruk. Face à la montée de l’extrême droite, il est légitime de se demander s’il existe une autre voie.
Un nouvel espace : BlueSky
« Viens sur BlueSky », m’a récemment proposé un ami journaliste par WhatsApp. « C’est beaucoup plus sain. » Avant cela, j’avais partagé un message d’un conseiller en défense, Ziya Meral, sur le réseau social X, qui rapportait la prise de la citadelle d’Alep par des rebelles syriens. Meral a constaté que les deux comptes principaux qui lui étaient recommandés étaient ceux de propagandistes notoires du régime Assad.
Propagation de la désinformation
Cette situation illustre les dérives du réseau social depuis son acquisition par Elon Musk en 2022, le transformant en machine de propagande d’extrême droite. BlueSky se positionne désormais comme une alternative. Bien que d’autres tentatives, comme le réseau social Mastodon, aient vu le jour, elles n’ont pas connu le même succès.
Un dialogue civilisé en danger
BlueSky se présente comme un espace sécurisé pour un dialogue respectueux, semblable à ce que Twitter était autrefois. Cependant, la communauté y reste principalement progressiste, ce qui pose la question de l’homogénéité des opinions échangées. En attendant, l’extrême droite s’affirme dans de nombreux pays, notamment avec des figures comme Trump, Meloni ou Wilders.
Une récente caricature dans *The New Yorker*, montrant un couple intellectuel profitant d’un feu de cheminée, illustre bien cette déconnexion : « Il y a quelque chose de réconfortant à se blottir à l’intérieur pendant que le monde extérieur sombre dans le chaos », dit l’homme.
Retraite idéologique face à la réalité
Ce phénomène d’écho idéologique, bien que réconfortant, n’offre qu’une sécurité illusoire. Les progressistes, souvent accusés de se complaire dans leur propre vérité, ressentent une profonde frustration face à une réalité politique hostile. La montée de l’extrême droite a transformé le débat public, où la culture et l’identité sont devenues des enjeux centraux.
Une narration politique en déclin
À La Haye, les discussions se limitent souvent à des affirmations selon lesquelles « l’intégration a échoué ». Les talk-shows se concentrent sur une crise d’asile fictive, laissant les valeurs de l’égalité, de la solidarité et de la justice politique sur le carreau. Le mouvement antiraciste a connu un parcours similaire, soulevant des questions profondes sur les relations raciales et le privilège.
Un combat pour l’égalité
Les luttes menées par divers mouvements sociaux ont illustré combien il reste à gagner en matière de droits formels et de justice sociale. Des avancées notables, comme la diminution des représentations racistes, témoignent d’une conscientisation croissante parmi la société.
La réaction de la droite
La droite a su capitaliser sur ce malaise, diabolisant des termes tels que « woke » et « gender ». Ces étiquettes sont désormais utilisées pour dépeindre les mouvements progressistes comme des menaces à la civilisation occidentale. Ce phénomène est visible dans l’univers académique, où les voix radicales engendrent des réactions disproportionnées.
Réflexion sur l’avenir
Le débat public est devenu le terrain de jeu des obsessions de l’extrême droite, où la peur et la paranoïa prédominent. Les progressistes, face à cette réalité, sont tentés de se replier dans des cercles confortables de pensée homogène. Toutefois, la confrontation avec la réalité politique reste inévitable.
Urgence climatique et politique
En tant que chroniqueur sur le climat, j’ai constaté l’urgence d’agir face à un problème colossal. Malgré les efforts des militants, la réponse politique reste largement insuffisante. Actuellement, les partis d’extrême droite dominent le paysage, minimisant l’urgence des politiques climatiques.
Vers une nouvelle dynamique
Dans mon livre *Opstand*, je parle d’une double paradoxe : l’extrême droite occupe le pouvoir sans pouvoir y exercer une réelle influence positive. Parallèlement, les partis progressistes, bien que porteurs d’une vision historique, semblent paralysés. Cette situation appelle à une réflexion sur la manière de mobiliser le soutien populaire autour de thèmes socio-économiques dans un climat hostile.
Quant à savoir si je rejoindrai BlueSky, c’est probable, mais il ne faut pas le considérer comme un refuge confortable, car cela reviendrait à reconnaître une défaite face à une dynamique politique difficile.