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Le gouvernement de François Bayrou se retrouve plongé dans un contexte politique incertain, alors que la moyenne de durée des mandats à Matignon s’est considérablement réduite depuis mai 2022.
Une durée de mandat instable
Neuf mois. C’est la durée moyenne d’un mandat à Matignon depuis la réélection d’Emmanuel Macron. Élisabeth Borne, qui a dirigé le gouvernement pendant un an et sept mois, est celle qui a occupé le poste le plus longtemps au sein de l’exécutif. À l’opposé, Gabriel Attal n’aura tenu que sept mois avant de voir l’Assemblée nationale dissoute.
Le député des Hauts-de-Seine détient cependant un record : celui de la longévité en tant que Premier ministre démissionnaire, un phénomène inédit depuis la Seconde Guerre mondiale. Michel Barnier, quant à lui, a été le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, ne restant qu’un trimestre à Matignon avant d’être renversé par une motion de censure. La question qui se pose désormais est de savoir si le gouvernement de François Bayrou, formé dans l’urgence, pourra faire mieux.
Stabilité, es-tu là ?
Ce dimanche 27 décembre, François Bayrou se rend à Mayotte en compagnie de cinq ministres, dont Élisabeth Borne pour l’Éducation nationale et Manuel Valls pour les Outre-mer. Cette visite vise à illustrer le dynamisme de l’exécutif face aux défis posés par la reconstruction de l’archipel, récemment touché par un cyclone.
Parallèlement à ces chantiers, le gouvernement doit faire face à d’autres priorités, notamment l’élaboration du budget pour 2025. Arnaud Péricard, porte-parole du parti Horizons, a souligné sur BFMTV que les Français recherchent avant tout de la stabilité. Toutefois, la stabilité ne peut être décrétée, et les enjeux politiques, qui ont conduit à la censure du précédent gouvernement, demeurent présents.
Thomas Ehrhard, maître de conférences en science politique à l’université Paris-II Panthéon-Assas, souligne que le gouvernement Bayrou ne bénéficie pas d’une légitimité parlementaire solide, le Parlement ne se sentant pas engagé par sa nomination.
Une stratégie risquée
François Bayrou semble opter pour une stratégie similaire à celle de Michel Barnier en s’appuyant sur le Rassemblement national pour sa survie politique. Cela a été illustré par la nomination de Gérald Darmanin à la Justice, après le refus de Xavier Bertrand, qui aurait entraîné une censure automatique par le RN. Ce dernier aurait en effet fait l’objet d’un intense tir de barrage de la part du parti.
Xavier Bertrand a critiqué un gouvernement qu’il considère comme ayant été formé avec l’aval de Marine Le Pen, ce qui risque de fragiliser encore davantage la position de Bayrou.
La menace du RN
La situation est d’autant plus délicate que la députée Marine Le Pen, dont la survie politique dépendra d’un jugement prévu pour le 31 mars, pourrait à tout moment lancer une censure contre l’exécutif. Cette incertitude pourrait pousser Bayrou à se retrouver dans une situation précaire, semblable à celle de Barnier.
Par ailleurs, la gauche, mécontente de la composition du gouvernement et des premières décisions annoncées, ne semble pas prête à soutenir Bayrou en cas de censure. La dynamique politique actuelle laisse entrevoir une instabilité persistante pour le maire de Pau. Un responsable macroniste a même exprimé, dans des termes pessimistes, que Bayrou pourrait ne pas tenir un mois sous cette pression.
