Home ActualitéIsolement renforcé pour narcotrafiquants : le débat en France

Isolement renforcé pour narcotrafiquants : le débat en France

by Sara
France

Le débat autour de l’isolement des narcotrafiquants en France prend de l’ampleur, notamment avec les récentes propositions du ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Ce dernier souhaite que « 100 des plus grands narcotrafiquants écroués » soient placés à l’isolement, à l’instar des terroristes, une annonce faite lors d’une interview au Parisien.

Une mesure controversée

Darmanin a justifié sa demande par la nécessité de « limiter les contacts à l’extérieur » de ces détenus, afin de contrer leurs activités criminelles. Cette initiative survient après l’évasion de Mohamed Amra, suspecté d’avoir orchestré un meurtre lié au narcotrafic à Marseille, qui a mis en lumière les failles du système pénitentiaire.

Dans une circulaire récente, le directeur de l’administration pénitentiaire a souligné trois priorités pour mieux gérer les détenus concernés : améliorer l’identification des profils, orienter vers des lieux d’écrou appropriés, et renforcer la sécurité des établissements, en particulier des quartiers d’isolement.

Des interrogations sur les moyens

Cette proposition soulève des questions au sein des syndicats, notamment sur les moyens matériels et humains disponibles. Emmanuel Chambaud, secrétaire général de l’Ufap-Unsa Justice, a exprimé des réserves, indiquant qu’une vision globale est nécessaire. Le taux de suroccupation dans les prisons françaises atteignait près de 130 % en novembre, posant des difficultés pour accueillir davantage de détenus à l’isolement.

De plus, Alexandra Vaillant, secrétaire générale de l’Union syndicale des magistrats, a noté que de nombreux narcotrafiquants sont déjà à l’isolement, sans que cela n’empêche la poursuite de leurs activités criminelles. Elle souligne également que l’isolement ne résout pas le problème fondamental du narcotrafic.

Droits humains en question

La question de l’isolement soulève également des préoccupations en matière de droits humains. Romain Boulet, président de l’association des avocats pénalistes, a évoqué l’isolement comme une « torture blanche » et une mesure inefficace aux conséquences néfastes sur la santé des individus. Les conditions d’isolement, qui peuvent inclure des espaces réduits et un contact humain minimal, sont critiquées par de nombreux professionnels du droit.

L’avocate Ménya Arab-Tigrine a également alerté sur la constitution de la liste des personnes à isoler, qui pourrait inclure des individus présumés innocents. Elle a déclaré que cette proposition semble déconnectée de la réalité, soulignant que le narcotrafic répond à des dynamiques économiques et sociales qu’il est essentiel de comprendre.

Réactions du ministre

En réponse aux critiques, Gérald Darmanin a affirmé que la France est en mesure, malgré des contraintes budgétaires, d’isoler efficacement les leaders criminels. Il a ajouté qu’une bonne organisation et des moyens supplémentaires permettraient de réduire l’activité criminelle dans les rues françaises, sans avoir nécessairement besoin d’une nouvelle législation.

Isolement Narcotrafiquants | Isolement | Narcotrafiquants | Droits Humains | Sécurité | Justice | France

You may also like

Leave a Comment