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Alors que l’Espagne commémore les cinquante ans de la mort de Francisco Franco, de nombreux témoignages se font entendre, remettant en question le récit officiel selon lequel la fin de la dictature aurait conduit à une pleine liberté. Plusieurs personnalités ayant vécu cette époque évoquent les craintes et les restrictions qui ont perduré après la disparition du dictateur.
Un héritage de peur et de censure
Le gouvernement espagnol a célébré cet anniversaire avec le slogan « Espagne en liberté. Cinquante ans », associant la mort de Franco à l’émergence des libertés. Pourtant, les témoignages de ceux qui ont vécu cette période montrent que la réalité était bien différente. Au moment de sa mort, l’Espagne était encore soumise à la censure et à la répression, sans partis politiques ni syndicats légaux.
Cebrián : « L’Espagne était un cuartel »
Juan Luis Cebrián, journaliste et ancien directeur adjoint de *Informaciones*, se souvient de l’atmosphère au moment de la mort de Franco. À 31 ans, il attendait avec impatience la nouvelle, qui semblait ne jamais arriver. « Tous les jours, il semblait qu’il allait mourir, mais cela n’arrivait jamais », se rappelle-t-il. À l’annonce de sa mort, les médias ont commencé à faire état d’une liberté naissante, mais Cebrián souligne qu’il n’existait toujours pas de partis politiques légaux et que la liberté de la presse était quasi inexistante.
Rosa Conde : « Nous avions beaucoup peur »
Rosa Conde, ancienne professeure et militante antifranquiste, partage son expérience. À l’époque, elle se souvient d’une ambiance de peur et d’incertitude. « Quand Franco est mort, nous avons craint une réaction violente contre les mouvements contestataires », explique-t-elle. Elle souligne que malgré une certaine bravoure pour provoquer le changement, la peur de la répression demeurait forte.
Antonio Resines : « Pas de liberté à la mort de Franco »
Antonio Resines, acteur et étudiant à l’époque, exprime son désaccord avec le message de « 50 ans de liberté ». « Il n’y avait aucune liberté à la mort de Franco. Les choses commençaient à changer, mais c’était encore très limité », déclare-t-il. Selon lui, la véritable liberté ne s’est concrétisée qu’avec l’adoption de la Constitution en 1978.
Teresa Freixes : « Le régime était toujours bien en place »
Teresa Freixes, professeure de droit constitutionnel, évoque le climat de peur qui prévalait à la mort de Franco. « La police surveillait tous ceux qui participaient aux mouvements contestataires », raconte-t-elle. Freixes affirme que même après les premières élections de 1977, l’infrastructure politique restait franquiste et que la liberté véritable n’est arrivée qu’avec la Constitution de 1978.
Conclusion des témoins
Les souvenirs de ces personnalités montrent que l’Espagne post-Franco était loin d’être un pays libre. Les craintes et les luttes pour la démocratie ont prévalu, rendant le récit officiel d’une liberté immédiate après la mort du dictateur très contestable.