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Le troisième débat public sur les réacteurs nucléaires EPR2 va s’ouvrir mardi 28 janvier pour une durée de quatre mois autour de la centrale du Bugey, située dans l’Ain, à proximité des métropoles de Lyon et de Genève. La Commission nationale du débat public (CNDP) espère mobiliser un large public sur cette question cruciale.
Débat public autour des EPR2 au Bugey
Dans quelques jours, le top départ sera donné pour ce débat public de quatre mois concernant les réacteurs EPR2 au Bugey. Ce débat constitue le troisième d’un cycle entamé à la fin de l’année 2022 à Penly (Seine-Maritime), où l’État a projeté d’implanter les trois premières paires de ces réacteurs nucléaires de nouvelle génération, actuellement en développement par EDF. Après Penly et Gravelines (Nord) l’année dernière, l’attention se tourne maintenant vers le Bugey, où les réacteurs sont prévus pour une mise en service entre 2042 et 2045. La centrale actuelle du Bugey, qui compte déjà quatre réacteurs en activité, couvre 40% de la consommation électrique de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Aménagement du territoire et enjeux environnementaux
« La particularité, c’est que nous entrons dans le troisième débat d’un cycle commencé à Penly, dans lequel nous avons déjà relevé un certain nombre d’éléments : certains sont déjà connus, d’autres manquants », a déclaré Marc Papinutti, président de la CNDP, à quelques jours de la première réunion prévue le 28 janvier à Bourg-en-Bresse. Ce débat portera sur divers enjeux, notamment économiques, environnementaux et législatifs liés à l’implantation de nouveaux réacteurs.
« Une paire d’EPR2 au Bugey soulève des questions sur l’économie générale de ces projets, les retours d’expérience des EPR existants, les combustibles et déchets radioactifs, les risques liés au dérèglement climatique, ainsi que sur l’enchaînement des textes législatifs. »
Le débat, qui se déroulera du 28 janvier au 15 mai 2025, abordera également des questions locales telles que l’aménagement du territoire densément peuplé entre Lyon et Genève et la gestion de l’eau sur le Rhône.
Confiance du public et défis pour la CNDP
Pour ce troisième débat, la CNDP met l’accent sur la nécessité de restaurer la « confiance » du public dans le processus de concertation. Cette préoccupation intervient alors que la Commission a été critiquée par certains responsables politiques. Par exemple, Michel Barnier a proposé un décret visant à modifier les catégories de projets soumis au débat public, ce qui pourrait réduire le caractère obligatoire de ces consultations pour les projets industriels supérieurs à 600 millions d’euros.
Marc Papinutti a précisé que les projets d’implantation d’EPR2 ne seraient pas concernés par cette modification. Cependant, la CNDP demeure sous pression, avec des appels à concentrer ses efforts uniquement sur les projets d’envergure nationale.
Le nucléaire : un sujet clivant
Le sujet du nucléaire reste particulièrement sensible en France. Lors d’une réunion à Lyon à la fin de l’année 2022, le débat public national sur les EPR2 avait dû être reporté en raison d’une atmosphère de dialogue impossible. À Cherbourg, la concertation préalable sur l’extension de l’usine de la Hague avait également été repoussée à cause des postures d’EDF.
Pour ce débat, des outils innovants seront mis en place, y compris un groupe de citoyens sélectionnés pour contribuer aux discussions. Ce groupe, composé d’une trentaine de personnes tirées au sort dans un rayon d’1h30 autour de la centrale, aura pour mission de formuler ses propres questions et préoccupations, tout en produisant un rapport sur la maîtrise des risques liée à ces projets.