Home ActualitéHéritage de mémoire : La Shoah à travers les yeux d’une petite-fille

Héritage de mémoire : La Shoah à travers les yeux d’une petite-fille

by Sara
France

Frankie Wallach partage son expérience personnelle et l’héritage mémoriel de sa grand-mère, rescapée d’Auschwitz, à travers son film *Trop d’amour*. Sa grand-mère, Julia Wallach, a toujours évoqué son passé d’une manière vivante et joyeuse, malgré les horreurs qu’elle a vécues.

Une histoire que je porte dans ma chair

Depuis mon enfance, je savais que ma grand-mère avait été déportée à Auschwitz et qu’elle en était revenue. Elle m’a toujours parlé de son expérience avec une franchise étonnante. Nous avions un rituel : nous allions au restaurant, où elle racontait son histoire dans une ambiance joyeuse, entourées de bons repas.

Devenue comédienne et réalisatrice, j’ai voulu intégrer son récit dans mes projets artistiques. Mon premier film, *Trop d’amour*, lui est entièrement dédié. Au cours du tournage, j’ai réalisé à quel point son héritage et son histoire étaient profondément ancrés en moi. Ce n’est pas seulement un récit entendu, mais une part de moi qui m’accompagne.

Des prises de conscience de la violence

Bien que je connaisse son histoire par cœur, il y a eu des moments de prise de conscience violente. À 14 ans, j’ai visité Auschwitz avec ma grand-mère. Elle a refusé de porter des gants, rappelant qu’elle avait survécu pieds nus dans la neige. Son témoignage sur les lieux mêmes de son calvaire a été un choc émotionnel intense.

Les réactions des autres face à ses récits m’ont également marquée. Lorsque ma grand-mère a raconté des événements horrifiques pendant le tournage, j’ai pu sentir l’impact émotionnel sur les auditeurs, ce qui m’a frappée d’une manière difficile à décrire.

Comment continuer à faire vivre cette mémoire

La montée de l’antisémitisme aujourd’hui m’inquiète profondément. Je me pose des questions sur l’avenir et la sécurité de mes enfants, un sujet que je n’avais jamais envisagé auparavant. Je crains qu’ils ne puissent pas porter un nom juif sans crainte, ou dire fièrement qu’ils sont juifs.

J’entends parfois des discours négationnistes ou des critiques sur la mémoire de la Shoah, comme si on pouvait comparer les souffrances et dire « il est temps de passer à autre chose ». Chaque histoire mérite d’être racontée, et ignorer la mémoire de la Shoah serait une erreur tragique.

Lorsque les déportés sont rentrés après la guerre, leurs témoignages n’ont pas été entendus. Vingt ans plus tard, ma grand-mère a ressenti le besoin de partager son histoire. Ce devoir de mémoire n’a jamais été une obligation pour nous, mais lorsque j’ai réalisé mon film, j’ai compris que je prenais le flambeau pour continuer cette transmission.

Capture d’écran du film Trop d’Amour, avec Frankie et sa grand-mère Julia Wallach. Copyright UFO Distribution

Avec l’existence de ce film, je ressens un immense soulagement. Il est une trace de l’héritage que ma grand-mère m’a transmis. J’ai l’intention de transmettre cette histoire à mes enfants, naturellement, car elle fait partie intégrante de ma vie. La mémoire doit vivre à travers chaque génération, se renouvelant sans cesse.

Shoah | Auschwitz | Mémoire | Héritage | Antisémitisme | France

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