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La décision du président américain Donald Trump de suspendre le financement du programme PEPFAR, le plus grand programme de lutte contre le sida au monde, a suscité une grande inquiétude parmi les acteurs de la santé publique. Cette suspension, qui dure au moins 90 jours, pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour des millions de personnes vivant avec le VIH.
Les conséquences immédiates de la suspension
Mark Vermeulen, directeur néerlandais de l’Aidsfonds, a exprimé son inquiétude lors d’une conférence internationale à Washington DC. Selon lui, les patients reçoivent maintenant des instructions déconcertantes dans les pharmacies : « Allez chez vous ». Cela résulte du décret présidentiel qui a mis en pause presque tous les programmes d’aide étrangère financés par l’USAID, l’agence américaine pour le développement international.
Avec cette décision, des millions de personnes vivant avec le VIH risquent de ne plus avoir accès à leurs traitements. Vermeulen souligne que dans des pays comme l’Ukraine et l’Afrique du Sud, des cliniques ont des médicaments en stock mais ne peuvent pas les distribuer.
Une menace pour la santé publique
Sans accès à ces traitements, le VIH ne peut être contrôlé, ce qui augmente les risques de transmission. Vermeulen s’inquiète particulièrement pour les femmes enceintes, qui pourraient transmettre le virus à leurs nouveau-nés. « Le retrait de ce traitement est inhumain », déclare-t-il.
Florence Anam, directrice d’un réseau mondial de personnes vivant avec le VIH en provenance du Kenya, a également exprimé sa préoccupation. Pour elle, l’interruption du financement de PEPFAR est une menace sérieuse pour la santé publique dans son pays, où plus de 1,3 million de personnes sont touchées par le VIH.
Historique de PEPFAR
PEPFAR, qui signifie « Plan d’Urgence du Président pour le Soulagement du Sida », a été lancé par le président républicain George W. Bush en 2003. Depuis son lancement, le gouvernement américain a investi plus de 110 milliards d’euros dans la lutte contre le VIH/sida. Ce programme a été une source de fierté pour les Américains, transcendant les clivages politiques.
En 2024, PEPFAR a permis à plus de 20 millions de personnes dans le monde de recevoir des traitements vitaux, et plus de 83 millions de personnes ont bénéficié de services de dépistage. Les initiatives de PEPFAR ont également contribué à réduire significativement le nombre de nouveaux cas de VIH chez les filles et les jeunes femmes.
Avenir incertain
Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État de Trump, a justifié cette pause de 90 jours comme une période d’évaluation pour tous les programmes d’aide internationale. Cependant, ce processus pourrait retarder le financement de PEPFAR jusqu’à 180 jours, selon des sources.
Trump avait également évoqué la suspension des financements pour les programmes nationaux, mais cette mesure a été temporairement suspendue par un juge qui examinait le décret.
Vermeulen, de l’Aidsfonds, estime que le nouveau gouvernement de Trump semence la confusion et plaide en faveur d’un retour immédiat à un financement stable pour éviter une crise humanitaire dans la lutte contre le VIH/sida.