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Dans un article publié par le quotidien britannique The Guardian, l’auteur David Motadel s’interroge sur la possibilité que le monde soit à un tournant historique. Cette réflexion s’inscrit dans un contexte où des dirigeants politiques, tels que l’ancien président américain Joe Biden et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, avancent que nous faisons face à des crises sans précédent.
Les crises mondiales en perspective
Motadel souligne que Biden, dans ses discours tout au long de son mandat, a présenté les crises mondiales comme des tournants historiques. Parmi celles-ci figurent la montée de l’autoritarisme, les conflits régionaux, le changement climatique et l’émergence de l’intelligence artificielle. L’historien Adam Tooze qualifie même la situation actuelle de « crises multiples ».
Des signes visibles de changements profonds
Cependant, Motadel, qui est professeur associé d’histoire internationale à la London School of Economics, affirme que ces crises ne sont que des signes visibles de changements structurels plus profonds. Selon lui, l’histoire est façonnée par des facteurs à long terme et non par des événements isolés.
Le risque de dramatisation excessive
Il reconnaît l’attrait de comprendre l’histoire à travers des événements dramatiques, notant que les leaders politiques utilisent souvent ce cadre pour mobiliser le soutien. Les masses sont en effet attirées par des récits d’événements « décisifs » et « sans précédent », comme l’élection de Donald Trump. Toutefois, se concentrer de manière excessive sur des crises isolées peut mener à une interprétation erronée de la réalité et à une ignorance des causes structurelles sous-jacentes des événements.
Exemples historiques
Motadel évoque également des exemples historiques, tels que les guerres mondiales et la chute du Mur de Berlin en 1989, que leurs contemporains considéraient comme des tournants majeurs. Bien que ces événements aient été significatifs, ils étaient souvent le résultat de forces économiques, politiques et sociales plus profondes.
Les leçons de l’histoire
Critiquant ceux qui décrivent notre époque comme un tournant historique, l’auteur cite les théories de l’école des Annales, notamment les idées de Fernand Braudel. Ce dernier a expliqué que l’histoire évolue à travers différentes périodes et non par de simples événements soudains. Braudel distingue entre les structures naturelles et géographiques qui évoluent lentement, et les conditions sociales et économiques qui se développent graduellement.
Un regard sur l’avenir
Motadel conclut que les crises actuelles, telles que la montée du nationalisme, la disparité économique et la faiblesse des institutions mondiales, existent depuis des décennies. Leur résolution nécessite des changements structurels et une vision stratégique à long terme, plutôt que des réponses immédiates et sensationnelles.
