Home ActualitéL’Indépendance : Un Mythe ou une Réalité ?

L’Indépendance : Un Mythe ou une Réalité ?

by Sara
France

Dans cette édition de la « Question Philo », Charles Pépin aborde la question posée par Alain : « Faut-il chercher à tout prix l’indépendance ? »

La dépendance inhérente à l’être

Pour répondre à cette question, commençons par une citation d’Alain que j’affectionne particulièrement : « être, c’est dépendre ». Effectivement, l’état d’être implique une forme de dépendance qui débute dès notre naissance, voire même avant. Nous dépendons de la rencontre de nos parents, de leur désir d’enfant, ou même d’un heureux accident. À peine nés, nous sommes fragiles et vulnérables, et selon Freud, nous ressentons une détresse infantile qui nous rend dépendants des autres pour survivre. Par la suite, cette dépendance se prolonge, car notre instinct naturel est défaillant.

Un instinct naturel défaillant

Nous pourrions dire que nous sommes des animaux imparfaits. En effet, même à neuf mois, nous naissons prématurément. Selon les embryologistes, il faudrait entre 16 et 18 mois pour que l’embryon atteigne son plein développement. Cependant, nous faisons notre entrée dans la vie au bout de neuf mois, car la nature n’a pas encore terminé son ouvrage, d’où notre dépendance accrue.

Le besoin des autres

Nous nous tournons vers les autres, car nous ne pouvons pas suivre nos instincts. Si nos instincts étaient pleinement efficaces, nous pourrions envisager de vivre sans dépendre des autres. Mais ce n’est pas le cas. Nous avons continuellement besoin du soutien d’autrui. Contrairement à ce que pense Michel Houellebecq, nous ne sommes pas des « particules élémentaires ». Notre confiance en nous est intimement liée à ceux qui nous entourent : enseignants, livres, savoirs. Dans le sentiment amoureux, cette dépendance devient palpable : je dépends de toi pour aller bien, je suis accro à tes messages, j’ai besoin de ton regard pour me sentir fort.

La dépendance et l’amour

Bien que cette dépendance puisse se révéler excessive, il est indéniable qu’aimer, c’est aussi dépendre. Un amour libre de toute dépendance serait-il véritablement un amour ? Dans notre quête d’amour, nous réaffirmons une vérité humaine : notre incapacité à être autosuffisant. Que ce soit dans la vie quotidienne ou dans le sport, chaque talent dépend des autres. Par exemple, le succès d’un attaquant dans le football dépend souvent d’une passe décisive d’un coéquipier, tout comme le développement du génie de Federer a été influencé par Nadal.

L’indépendance et l’âge

La société exige souvent des jeunes adultes qu’ils atteignent une certaine indépendance financière, mais cela dépend largement de leur éducation et des conditions socio-économiques dans lesquelles ils évoluent. Avec l’âge, nous craignons la dépendance, mais cette dernière n’est pas nécessairement négative. En vieillissant, nous retrouvons peut-être des éléments de cette dépendance infantile, une beauté se cachant dans ce besoin d’amour, de soutien et d’attention. Ce qui débute dans la dépendance peut également se terminer ainsi.

Autonomie versus indépendance

Bien que nous dépendions les uns des autres, cela ne nous empêche pas de viser l’autonomie. L’autonomie ne signifie pas indépendance ; c’est la capacité à se diriger dans la vie selon la loi que l’on s’est fixée. Pour Kant, l’autonomie morale est notre capacité à vouloir le bien librement. Nous pouvons être dépendants des autres pour survivre ou être heureux tout en aspirant à une autonomie de réflexion et de jugement. Notre liberté réside dans la construction de notre autonomie, plutôt que dans l’illusion d’une indépendance complète.

Philosophie de l'indépendance et de la dépendance

Indépendance | Dépendance | Philosophie | Charles Pépin | Relations Humaines | France

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