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Les menaces pesant sur les élections en Europe et aux États-Unis
Les milieux politiques en Allemagne expriment leurs inquiétudes avant les élections législatives anticipées du 23 février, concernant les influences extérieures qui pourraient influencer les intentions de vote dans la plus grande économie de l’Union Européenne.
Ces craintes surviennent alors que la voix de l’extrême droite, représentée par le parti Alternative pour l’Allemagne, se renforce, notamment avec le soutien du milliardaire américain Elon Musk, conseiller de l’ancien président Donald Trump.
Des inquiétudes justifiées
Ces inquiétudes sont renforcées par la participation de Musk à une session virtuelle avec la direction du parti Alternative via la plateforme « X », une démarche jugée par des experts de l’Union Européenne, dont l’ancien commissaire européen Thierry Breton, comme une violation claire des règles européennes nécessitant des sanctions.
À quelques semaines du scrutin, le parti Alternative maintient une forte position dans les sondages, se classant deuxième avec 21% d’intentions de vote, derrière l’alliance chrétienne à 31% et devant le parti social-démocrate à 16%.
Au-delà des performances du parti, les craintes portent sur l’émergence de nouveaux problèmes issus d’intrusions extérieures et des influences provenant des réseaux sociaux, accentuées par l’utilisation d’intelligence artificielle dans des campagnes manipulées.
Les élections européennes
Les élections européennes de juin 2024 ont vu une participation d’environ 182 millions de personnes dans 27 pays, un des plus grands exercices de vote transfrontalier au monde. Ces élections ont-elles été influencées par l’intelligence artificielle, l’ingérence étrangère et les réseaux sociaux?
Le Conseil de l’Europe s’est préparé à une vague de désinformation électorale et d’autres menaces hybrides visant à saper le processus de vote.
Selon l’Observatoire européen des médias numériques, les informations trompeuses concernant l’Union Européenne sur les plateformes en ligne ont atteint un niveau record dans le mois précédant les élections.
Des hackers pro-Kremlin ont revendiqué une série d’attaques contre les sites web des partis politiques néerlandais le jour du scrutin. De plus, plusieurs campagnes en ligne ont été mises au jour, visant à semer la confusion autour du processus de vote, notamment des affirmations selon lesquelles cocher une case en dehors du champ de vote rendrait le vote invalide.
Globalement, ces élections ont accompagnées un essor notable des partis de droite, particulièrement en France où le Rassemblement National de Marine Le Pen a remporté un succès historique, profitant de la gestion chaotique du dossier de l’immigration par le gouvernement et de la crise économique.
Le référendum en Moldavie au cœur de la tempête
En octobre 2024, les habitants de Moldavie ont participé à la première manche des élections présidentielles et à un référendum sur la demande d’adhésion du pays à l’Union Européenne.
Les résultats préliminaires ont montré une victoire très serrée pour le camp « anti-adhésion », avant de voir une montée soudaine des voix en faveur du projet dans les derniers instants. Finalement, le « oui » a remporté 50.35% des voix, permettant à la Moldavie de faire de l’adhésion à l’Union un objectif constitutionnel.
Cependant, avant le référendum, la Moldavie a été le théâtre d’une guerre de l’information entre les partisans de l’adhésion à l’Union Européenne et les activistes pro-russes, accusant les autorités moldaves d’avoir laissé Moscou injecter environ 14 millions d’euros directement dans les comptes de 130 000 habitants pour acheter leurs voix contre l’adhésion.
Menaces de désinformation aux États-Unis
Les élections présidentielles américaines, marquées par le retour de Donald Trump au pouvoir, ont vu de nombreuses tentatives de diffusion de fausses informations et d’autres menaces hybrides. Les candidats des deux camps ont été ciblés par des campagnes en ligne visant à ternir leur réputation.
Le jour du scrutin, des menaces de bombes ont forcé la fermeture des bureaux de vote dans plusieurs États clés, comme la Pennsylvanie et la Géorgie, poussant le FBI à publier un avertissement sur des alertes fausses issues de plateformes électroniques russes non identifiées.
Un rapport de « Politifact » indique que 76% des affirmations de Donald Trump durant sa campagne ont été jugées « fausses » ou « largement fausses ». De même, 47% des déclarations de la candidate démocrate Kamala Harris ont été considérées comme telles.
Des dérives éthiques ont également été signalées dans les opérations de désinformation, utilisant l’intelligence artificielle pour cibler les électeurs de couleur. Human Rights Watch a accusé l’équipe de campagne de Trump d’avoir tenté d’attirer l’électorat noir en diffusant des images générées par l’IA montrant Trump avec des électeurs noirs.
Appel à la vigilance
Le « Centre pour la technologie émergente et la sécurité » au Royaume-Uni a affirmé qu’il n’existe pas de « preuve concluante » que les résultats des élections présidentielles américaines aient été affectés par des campagnes spécifiques. Néanmoins, ces évaluations n’ont pas résolu le débat sur la disponibilité d’un standard d’intégrité dans les élections.
Les experts avertissent que l’avenir de l’intelligence artificielle en tant qu’outil électoral continuera de croître, ayant démontré lors d’élections antérieures sa capacité à produire des contenus falsifiés d’une précision alarmante, compliquant ainsi la distinction entre les informations réelles et fausses.
Cette situation appelle à l’élaboration d’une stratégie proactive pour améliorer la transparence et établir des cadres réglementaires garantissant un usage responsable des technologies d’intelligence artificielle.