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Les services d’intelligence artificielle générative s’imposent à une vitesse fulgurante dans la recherche d’informations, répondant de plus en plus directement aux usagers, sans renvoyer à la source. Ce faisant, ils se substituent aux médias, mais sans leur cadre déontologique. Pour délivrer une information fiable, l’IA générative doit pourtant disposer de sources qui le sont. Ce travail de recherche, de vérification et de contextualisation est effectué quotidiennement par les médias d’information, grâce à des journalistes professionnels qui respectent un cadre déontologique. Ainsi, la fiabilité et la richesse de l’IA générative en matière d’information ne peuvent se construire sans les médias, dont le pluralisme, inscrit dans la Constitution, est l’un des socles de la démocratie.
Un appel à la régulation au sommet de l’IA
A l’occasion du sommet de l’IA, des organisations de médias d’information, employant plus de 25 000 journalistes, appellent les pouvoirs publics à instaurer un dialogue structuré entre les opérateurs d’IA générative et les médias. Trois conditions sont posées pour établir une coopération garantissant une IA générative performante et fiable, respectant les producteurs d’information dans leur diversité et leur pluralisme.
Respecter le choix des éditeurs et mettre fin au pillage
La première condition est le respect du choix des producteurs d’information concernant leur contribution à l’intelligence artificielle. Beaucoup d’acteurs ont exprimé, conformément à la loi, leur opposition aux opérations de fouille de textes et de données destinées à l’entraînement des modèles. Cependant, les robots « crawlers » ignorent souvent cette opposition. Les violations systématiques de la propriété intellectuelle des éditeurs et des journalistes doivent cesser. Nous proposons ainsi de remplacer le système actuel d’opposition volontaire (opt-out) par un système d’autorisation préalable expresse (opt-in).
Ce choix permettra de revenir à une application normale du droit de la propriété intellectuelle, protégée par de nombreux traités internationaux.
Garantir la traçabilité des sources d’information
La seconde condition est d’assurer la transparence des sources de l’information. Les usagers doivent pouvoir identifier les producteurs originaux de l’information pour garantir sa fiabilité et approfondir leur compréhension du sujet. De plus, les médias doivent être informés de la reprise de leurs contenus afin de pouvoir exiger les contreparties financières, comme cela a toujours été pratiqué.
S’acquitter des droits d’exploitation des contenus
La rémunération des ayants droit pour l’utilisation de leur contenu constitue, en effet, la troisième condition d’une coopération, dans le cadre d’un marché de licences basé sur leurs droits de propriété intellectuelle. L’exploitation sans contrepartie des contenus produits par les médias d’information représente une captation unilatérale de leur valeur, mettant en péril leur modèle économique. Un tel scénario pourrait rapidement conduire à l’extinction des ressources indispensables à l’alimentation d’une IA générative fiable.
Il est d’autant plus urgent d’instaurer un schéma de rémunération, car les services d’IA générative pourraient ne plus renvoyer vers les sites des éditeurs de presse, contrairement aux moteurs de recherche traditionnels. Cela entraînerait une chute du trafic des médias d’information, affectant de manière drastique leurs revenus publicitaires. À terme, le risque est la substitution de la presse par les IA.
La nécessité d’une coopération équilibrée
Ces trois mesures sont des conditions minimales pour garantir des services d’IA générative fiables et préserver le pluralisme de la presse, essentiel à la démocratie. Alors que l’IA présente des opportunités et des dangers, notamment en matière de désinformation, il est crucial de s’appuyer sur une presse robuste qui produit une information sourcée, vérifiée et contextualisée, grâce à des journalistes respectant un cadre déontologique strict. Nous demandons donc aux pouvoirs publics d’être les garants de cette juste coopération, et appelons de nouveau les opérateurs d’intelligence artificielle générative au dialogue.
Signataires
L’Alliance de la presse d’information générale, la Fédération nationale de la presse d’information spécialisée, les Editeurs de contenus et services en ligne, le Syndicat des éditeurs de la presse magazine et le Syndicat de la presse indépendante d’information en ligne.