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Protestations au Bangladesh : la maison de Sheikh Hasina incendiée
Des milliers de manifestants au Bangladesh ont démoli et incendié la maison du leader fondateur du pays, alors que sa fille, l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina, a prononcé un discours enflammé sur les réseaux sociaux, appelant ses partisans à s’opposer au gouvernement intérimaire.
L’attaque, survenue mercredi soir, a été déclenchée par un discours que Hasina prévoyait de donner à ses partisans depuis l’exil en Inde voisine, où elle a fui en août dernier après un soulèvement meurtrier mené par des étudiants contre son règne de 15 ans. Ses critiques l’accusent d’avoir réprimé la dissidence.
Des actes de destruction
La maison, située dans la capitale Dhaka, appartenait à son père, Sheikh Mujibur Rahman, qui a dirigé l’indépendance du pays vis-à-vis du Pakistan en 1971. Il a été assassiné dans cette maison en 1975. Hasina a par la suite transformé la maison en musée.
Selon des rapports, plusieurs milliers de manifestants, certains armés de bâtons, de marteaux et d’autres outils, se sont rassemblés autour de la maison historique et du monument à l’indépendance, tandis que d’autres ont apporté une grue et une excavatrice pour démolir le bâtiment mercredi soir.
Des photos publiées sur les réseaux sociaux et par des agences de presse ont montré le bâtiment presque à plat, certaines parties étant complètement brûlées.
Attaques nocturnes
Le Daily Star, le principal journal de langue anglaise du pays, a rapporté tôt jeudi qu’une vague d’attaques durant la nuit avait également visé plusieurs maisons et entreprises appartenant aux partisans du parti Awami League de Hasina.
Le rassemblement a été organisé dans le cadre d’un appel plus large, surnommé « Procession Bulldozer », visant à perturber le discours en ligne prévu par Hasina mercredi soir.
Un symbole de fascisme
Les manifestants, dont beaucoup étaient alignés avec le groupe Étudiants contre la Discrimination, ont exprimé leur colère face au discours de Hasina, qu’ils considéraient comme un défi au nouveau gouvernement intérimaire formé.
Hasnat Abdullah, un leader étudiant de ce groupe, a mis en garde les médias contre le discours de Hasina et a annoncé sur Facebook que « ce soir, le Bangladesh sera libéré du site de pèlerinage du fascisme ».
Mahmudur Rahman, un étudiant de 18 ans, a déclaré à l’agence de presse AFP qu’il avait rejoint la protestation car il pensait qu’il était justifié de déraciner le « symbole du fascisme ». Un autre manifestant, Mohammad Arefin, a ajouté qu’il n’y avait aucune raison que la maison reste debout.
Demandes d’exécution et accusations
“Puisque nous, les étudiants, formons le gouvernement par la révolution, nous jugeons légitime de la démolir.” Les manifestants ont également scandé des slogans critiquant l’Inde, où Hasina vit en exil depuis sa fuite du Bangladesh en août dernier.
Un gouvernement intérimaire au Bangladesh dirigé par le lauréat du prix Nobel de la paix Muhammad Yunus a cherché l’extradition de Hasina, mais l’Inde n’a pas donné suite.
De nombreux manifestants ont également scandé des slogans exigeant l’exécution de Hasina pour les centaines de morts survenues lors du soulèvement de l’année dernière, l’un des pires bouleversements du pays depuis son indépendance. Hasina a appelé à une enquête des Nations Unies sur ces décès.
L’ancienne Première ministre a également été accusée d’avoir supervisé des exécutions extrajudiciaires et d’avoir réprimé les voix de l’opposition durant son règne de 15 ans.
Dans son discours de mercredi, Hasina est restée défiant, affirmant : « Ils peuvent démolir un bâtiment, mais pas l’histoire. L’histoire prend sa revanche. » Elle a également appelé le peuple du Bangladesh à s’opposer au gouvernement intérimaire, les accusant d’avoir pris le pouvoir de manière inconstitutionnelle.
Le mouvement étudiant à l’origine des manifestations a exprimé son intention de démanteler la constitution de 1972 du pays, qu’ils estiment incarner l’héritage du règne de son père.