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L’Avenir Politique du Soudan Après la Guerre : Vers un Équilibre?
Depuis son indépendance il y a presque sept décennies, le système politique soudanais a oscillé entre gouvernance militaire et démocratie à travers un modèle d’alternance, caractérisé par des phases démocratiques suivies de régimes militaires. Ce cycle peut être décrit comme une « jeu entre militaires et démocratie ».
Ce modèle d’alternance a engendré un débat politique au sein de l’élite soudanaise, où le clivage s’est manifesté entre les partisans d’un système démocratique libéral et ceux prônant un développement d’un système de transition pacifique du pouvoir, adapté à la diversité ethnique, culturelle et religieuse du Soudan.
En résumé, le conflit persistant se situe entre les partisans d’un modèle libéral et ceux qui appellent à une « soudanisation » du pouvoir, garantissant une transition pacifique conforme aux spécificités de la société soudanaise. Bien que tous les acteurs politiques s’accordent sur le principe de la transition pacifique, des divergences subsistent quant au modèle le plus approprié à adopter.
Le Conflit entre la Droite et la Gauche
Les partisans du modèle libéral ont souvent été influencés par la culture européenne, en particulier britannique, en raison de l’héritage colonial du Soudan. Ils ont été impressionnés par le système démocratique en vigueur en Grande-Bretagne et dans d’autres pays européens.
Cette faction a réussi à imposer sa vision pour plusieurs raisons, dont ses relations étroites avec les cercles de pouvoir en Grande-Bretagne, en Turquie et en Égypte. De plus, les leaders de ce groupe ont bénéficié d’un soutien solide au sein des communautés religieuses comme les Ansar et les Khatmiyya, qui avaient des liens avec les colonisateurs britanniques.
En conséquence, ces forces ont pu hériter du pouvoir après l’indépendance, adoptant un système parlementaire inspiré de celui de la Grande-Bretagne. Bien qu’il n’y ait pas eu de roi, un conseil de souveraineté avec des pouvoirs limités a été créé.
Au sein de cette faction, on trouve des forces politiques de droite, quelques indépendants, et un petit nombre de mouvements islamiques modernes qui, bien qu’ayant des visions divergentes, ont choisi de s’allier à la droite pour éviter de rejoindre la gauche menée par le Parti communiste soudanais, qui était alors très influencé par le stalinisme.
Conséquences des Pratiques Défaillantes
Ce conflit entre la droite et la gauche a eu des répercussions négatives sur la vie politique soudanaise, générant des obstacles qui continuent de perturber la stabilité politique, entraînant une instabilité chronique et des difficultés dans le processus de transition et de circulation du pouvoir.
Les manifestations de cette instabilité se traduisent par des tentatives fréquentes de renversement des gouvernements et de nombreux coups d’État échoués durant les trois périodes démocratiques que le Soudan a connues. En revanche, les régimes militaires ont duré plus longtemps : Ibrahim Abboud (6 ans), Jaafar Nimeiry (16 ans), et Omar el-Béchir (30 ans).
En outre, le conflit du Sud, qui a débuté en 1955 et s’est terminé en 2005, ainsi que la guerre au Darfour en 2003, ont également eu un impact significatif sur la politique soudanaise. Toutefois, la cause principale du désordre politique est souvent attribuée aux comportements défaillants des partis et des acteurs politiques eux-mêmes durant les périodes démocratiques.
Ces pratiques défaillantes ont directement conduit à l’effondrement des gouvernements démocratiques, chaque coup d’État ayant été orchestré par des partis politiques. Par exemple, le coup d’État d’Ibrahim Abboud a été soutenu par le Parti de l’Umma, celui de Jaafar Nimeiry par le Parti communiste soudanais, et le coup d’État d’Omar el-Béchir par le Parti de la confrérie islamique.
Le Futur de la Politique Soudanaise
À mesure que les conflits se poursuivent, en particulier les atrocités commises par les milices, la population soudanaise se mobilise de plus en plus autour de l’armée et du gouvernement actuel. Le soutien populaire à ces entités est plus fort que jamais, notamment sous la direction du général Abdel Fattah al-Burhan.
Al-Burhan est devenu une figure emblématique, admiré par de nombreux Soudanais en tant que leader courageux, qui a su mener son armée vers des victoires significatives contre des forces internes et externes. Ce soutien grandissant, couplé à une gestion habile des relations internationales et à une stabilité relative au sein de l’État, pourrait redéfinir l’avenir politique du Soudan.
Il est probable que les milices qui ont alimenté le conflit et les partis ayant soutenu leur prise de pouvoir ne trouvent plus de légitimité politique après la guerre. De plus, les allégations selon lesquelles elles auraient agi pour établir la démocratie ne sont plus crédibles aux yeux du public, surtout après les violations des droits humains qu’elles ont commises.
À l’avenir, le Soudan pourrait voir un consensus populaire se former autour du gouvernement actuel, qui pourrait être perçu comme capable de conduire le pays vers une stabilité durable après cette période de conflit.