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Nouvelle proposition politique au Soudan : vers une transition de 4 ans
Khartoum – Des forces politiques et communautaires soudanaises ont secoué le paysage politique stagnant du Soudan en présentant un document pour la gestion du pays durant la dernière phase de la guerre et au-delà. Ce document a été adopté par le président du Conseil de souveraineté et commandant de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan, qui a envoyé des messages à des forces d’opposition, considérées par des observateurs comme une tentative de se repositionner dans un nouveau contexte politique.
Une feuille de route pour l’avenir
Le samedi dernier, des leaders politiques, tribaux, religieux et des groupes armés soutenant l’armée ont remis à al-Burhan une feuille de route qui a été approuvée après des consultations tenues à Port-Soudan, la capitale administrative temporaire du pays.
Parmi ces groupes, on trouve la coalition démocratique dirigée par Jaafar al-Mirghani, l’alliance du mouvement national dirigée par Tajani Sisi, l’alliance Soudan Justice (Tass) dirigée par Bahr Abu Qarda, le Parti du Congrès populaire dirigé par Amin Mahmoud, ainsi que la coordination des forces nationales.
Un gouvernement de guerre envisagé
Un comité de 10 membres, dirigé par l’avocat Nabil Adib, membre de la coalition démocratique, a préparé le projet de document. Ce comité comprend également Mubarak Ardol, Moataz al-Fahl, Abdel Aziz Nour Achar, Nour al-Daem Taha, entre autres.
Après avoir reçu le document, al-Burhan a annoncé son intention de créer un gouvernement de guerre ou un gouvernement intérimaire pour poursuivre les tâches de transition et aider l’armée dans les opérations militaires restantes pour débarrasser le Soudan des Forces de soutien rapide. Il a précisé que le gouvernement à venir serait composé de compétences indépendantes, sans empêcher le Premier ministre de former des conseils consultatifs et des entités pour l’assister.
Les ajustements à la constitution
Al-Burhan a également annoncé des modifications apportées à la charte constitutionnelle, indiquant qu’elles diffèrent de l’accord signé avec les précédents partenaires, en référence à l’Alliance des forces de liberté et du changement en 2019, qui a servi de référence constitutionnelle pour la période de transition.
Il a conditionné la coordination avec les forces démocratiques civiles (Taqaddum) à un retrait de leur soutien aux Forces de soutien rapide, affirmant que « la porte reste ouverte à toute personne ayant pris une position nationale, et nous les accueillerons tant qu’ils se distancient des agresseurs et se joignent au camp national ».
Propositions et objectifs de la nouvelle feuille de route
Le document, dont Al Jazeera a obtenu une copie, établit des principes nationaux qui incluent l’unité du Soudan, la souveraineté nationale, l’engagement envers la démocratie, l’état de droit, la justice, l’égalité et la citoyenneté égale, ainsi qu’une identité collective et l’indépendance des institutions militaires.
Voici les principales propositions du document :
- Période de transition initiale d’un an, visant à mettre fin à la guerre, établir une paix durable, rétablir les services pour les citoyens, nommer un gouvernement de compétences nationales, reconstruire les institutions de l’État, libérer les détenus, intégrer toutes les armées et mouvements dans les forces armées, et faciliter le retour des déplacés et des réfugiés.
- Période de transition déterminée par un dialogue soudanais, visant l’exécution des résultats de ce dialogue, l’organisation d’une conférence pour rédiger une constitution et la soumettre à un référendum populaire, ainsi que la reconstruction des destructions causées par la guerre.
Le document souligne également la nécessité de la participation des forces armées au pouvoir pour protéger la période de transition, tout en veillant à ce que leur rôle prenne fin à l’issue de cette période avec un transfert de pouvoir à un gouvernement élu. La continuité du Conseil de souveraineté, composé de militaires et de civils, ainsi que la formation d’un gouvernement d’unité nationale composé de compétences nationales sans quotas partisans, sont également prévues.
Vers un dialogue inclusif
Selon le document, un dialogue soudanais choisira un comité d’anciens pour nommer le Premier ministre, et un conseil législatif sera formé, adoptant la justice transitionnelle comme approche globale pour traiter les situations politiques et sociales et les complexités des conflits armés.
Mubarak Ardol, leader de la coalition démocratique et membre du comité des forces politiques et communautaires, a indiqué que la tendance générale serait d’établir une période initiale de deux ans et une période de transition de deux ans supplémentaires, avec al-Burhan à la présidence du Conseil de souveraineté pendant ces quatre années.
Progrès vers la paix
De son côté, Hatem al-Sar, conseiller politique du président du Parti fédéral démocratique, a révélé des discussions et des consultations informelles menées avec al-Burhan concernant la formation du nouveau gouvernement pour gérer la période de transition.
Al-Sar a suggéré de maintenir le Conseil de souveraineté comme représentant de l’autorité souveraine de l’État, tandis qu’al-Burhan désignerait un Premier ministre civil chargé de former le gouvernement pour agir en tant qu’autorité exécutive de l’État. Un conseil législatif de 250 membres sera également établi.
Dans une déclaration notable, Yasser Arman, membre du comité exécutif de la coordination des forces démocratiques et civiles « Taqaddum », a souligné que « le discours d’al-Burhan seul ne suffit pas à mettre fin à la guerre, mais il offre une opportunité de dialogue, marquant un tournant vers une approche politique favorisant la recherche de solutions ».
Il a ajouté que les forces de soutien rapide avaient réalisé des avancées précédemment, mais que les victoires de l’armée actuelle n’aboutissent pas à un triomphe absolu de l’un ou l’autre des camps. Tous deux doivent se concentrer sur une stratégie de paix, car la situation actuelle est une opportunité pour un règlement pacifique.