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Sam Fender et Inhaler : Le Renouveau du Rock Mélodieux

by Sara
France

Ce soir, on ne fera pas la révolution mais vous entendrez plutôt de quelle façon de jeunes voix d’aujourd’hui continuent, envers et contre tout, à rendre vivantes des formes classiques de rock mélodieux et exaltant qui n’ont pas dit leur dernier mot.

Sam Fender : Une voix du nord de l’Angleterre

*« People Watching »*, un tout nouveau titre signé par un chanteur du nord de l’Angleterre du nom de Sam Fender, tout juste trente ans. Une chanson qui, par son style, a de quoi troubler quelqu’un qui, comme moi, et peut-être certains, certaines, se rappellent les années 80. Parce que Sam Fender semble mêler, de manière aussi heureuse qu’inattendue, deux styles qui semblaient alors incompatibles, en tout cas aux antipodes : celui de Bruce Springsteen et celui des Smiths. On pouvait écouter les deux, il y a quarante ans, bien sûr, c’était mon cas. Mais enfin, ils n’avaient pas du tout le même public. L’Anglais Morrissey avec les Smiths était, si j’ose dire, le troubadour des solitaires, des introvertis, des exclus qui, pour autant, ne dédaignaient pas de se retrouver en groupe – pas très nombreux en France – pour célébrer leur orgueilleuse inadaptation à la société. Quant au Nord-Américain Bruce Springsteen, c’était, enfin c’est ce qu’on en percevait, le chanteur des foules, des masses, qui racontait la vie de Monsieur tout le monde et ne se mettait jamais lui-même en avant.

Sam Fender

Une approche unique de la musique

Il me revient une histoire que, il y a une vingtaine d’années, Bono me racontait. Il avait eu une discussion avec Springsteen, qui cherchait, dans les années 90, à se renouveler, comme U2 l’avait fait et il avait suggéré à Springsteen de sortir du registre social, puiser en lui-même, dans les événements de sa vie intime et personnelle. Et Springsteen l’avait regardé avec des yeux ronds en lui disant : mais qu’est-ce que tu veux que je raconte ? Je me lève le matin, je prends le bus, le soir, je rentre chez moi ? Eh bien, d’une certaine façon, Sam Fender réunit les deux approches : l’introspection sans filtre à la Morrissey et l’exaltation collective à la Springsteen.

Dans cette chanson qu’on vient d’entendre, Sam Fender raconte sa visite, dans ce qu’on appelle aujourd’hui un EHPAD, à une femme qui a été pour lui une mère de substitution, une comédienne qui a été la première à croire en son talent : *« À l’intérieur, ça tombait en ruine, le personnel manquait, les soins manquaient, la pauvre infirmière était surmenée, et la beauté de ma jeunesse avait déserté mon cœur »*.

Origines et parcours de Sam Fender

Sam Fender est un prolétaire qui a grandi dans une ville moyenne, côtière, du nord-est de l’Angleterre, North Shields. Pour vous donner une idée, c’est vraiment le nord, puisque c’est à peu près la latitude de Copenhague. North Shields est un concentré de l’effondrement de l’Angleterre post-industrielle : chantiers navals démantelés, mines de charbon abandonnées, activité de pêcheries largement réduite. Un quart de la population y vit aujourd’hui en-dessous de ce qu’on considère comme le seuil de pauvreté.

L’adolescence de Sam Fender rappelle les tableaux sociaux que dépeignent les films récents de Ken Loach. Adolescent, il lui a fallu trouver le moyen de financer le traitement coûteux de sa mère, malade, atteinte de fibromyalgie, alors qu’il n’avait pas un rond. Sam Fender raconte qu’il a fréquenté des milieux pas très en règle avec la loi parce que l’argent facile, dans cette situation, était une forte tentation. Il a travaillé dans la restauration, dans des bars, il s’est fait virer six fois. Mais enfin, il s’est accroché à sa passion pour la musique.

Un nouvel album prometteur

Sam Fender a publié en 2019 un premier album, *Hypersonic Missiles*, qui a suscité une immense popularité. Le plus intéressant, chez lui, c’est son humanité, quelque chose qui semble comme à nu. Ses chansons traduisent son attachement pour sa petite ville, ses copains, dont il dresse un tableau assez désespérant : aucun espoir, des proches qui se sont suicidés, lui-même dit avoir été tenté d’en finir.

Son nouvel album, le troisième, *People Watching*, sort d’ici une dizaine de jours. Il a été co-réalisé par le Nord-Américain, Adam Granduciel, l’homme du groupe The War on Drugs, basé à Philadelphie. Sam Fender se produira le 4 mars prochain à l’Olympia, mais c’est hélas complet, comme tous les concerts de sa tournée européenne.

Inhaler : la nouvelle vague du rock dublinois

Nous étions en Irlande hier avec les rappeurs de Kneecap. Eh bien je vous propose d’y retourner et d’écouter un nouveau titre signé par le groupe dublinois, Inhaler. Ce ne doit pas être simple pour le chanteur n’a que vingt-cinq ans au sein d’un groupe de rock parce que c’est le fils de Bono, de U2. Inhaler a convaincu beaucoup de monde avec son premier album, *It Won’t Always Be Like This*, paru en 2021, qui s’est très bien vendu au Royaume-Uni sous forme de vinyle.

Eli, qui au début ne se destinait pas à chanter, a été poussé sur scène par ses copains d’enfance, avec lesquels il a formé Inhaler au lycée. Le groupe vient de publier son troisième album, *Open Wide*. Inhaler jouera au Zénith à Paris le 24 avril prochain et le 25 à Villeurbanne au Transbordeur. Ce titre s’appelle *« Eddie in the Darkness »*.

Sam Fender | Rock | Musique | Inhaler | People Watching | Open Wide | France
source:https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/very-good-trip/very-good-trip-du-mardi-11-fevrier-2025-1423007

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